Extinction

Date: 21 septembre 2011 à 23:23:17
Sujet: Pédagogie et formation


L'extinction, qu'est ce que c'est?
La question peut paraître surprenante. Car en fin de compte, tout le monde sait ce qu'éteindre signifie. Il y a une flamme, nous réalisons une action sur cette flamme et après il n'y a plus de flamme. Simple. Mais si, après une heure, le feu reprend, pourrons-nous considérer que nous avions "bien éteint"? de même, pourquoi faut-il parfois quelques secondes pour éteindre et d'autres fois, plusieurs heures? En fait, dans de nombreux cas les actions observées sont peu logiques.


Comme souvent, ce n'est pas la réponse que l'on fait à une question qui démontre si la compréhension est bonne ou non. C'est plutôt l'attitude générale. Concernant l'extinction, si nous demandons "savez-vous ce que c'est?" tout le monde va répondre "Oui". Mais face au feu, nous voyons des attitudes et des actions très différentes, pour des résultats également très différents, laissant penser que la réponse affirmative cache en fait de grandes incompréhensions.

Nous allons tenter d'expliquer les deux modes d'extinction utilisés principalement en incendie, et nous allons ensuite mettre en pratique cette connaissance en prenant comme exemple une vidéo, diffusée sur internet et montrant un échec d'extinction.

La définition de l'extinction est la suivante: Action d'éteindre ou fait de s'éteindre. Bien. Mais éteindre, que ce que c'est? La définition que l'on trouve le plus souvent est simple: faire cesser de brûler.

Nous avons donc une réaction chimique, que nous voyons sous forme de lumière, que nous ressentons sous forme de chaleur et que nous appelons le feu. L'action d'éteindre va donc consister à arrêter cette réaction. Après l'extinction, il n'y aura plus de lumière ni de chaleur. Il restera encore un peu de chaleur résiduelle, émise par les éléments qui ont brûlé, mais globalement plus de lumière et plus de chaleur.

Le triangle du feu
Pour comprendre comment éteindre, il suffit d'analyser le triangle du feu. Le feu est une réaction qui a besoin de comburant (oxygène de l'air) de combustible (le bois qui brûle par exemple) et d'énergie. Au départ il faut amener de l'énergie pour chauffer le bois afin que le carbone qu'il contient soit extrait sous forme gazeuse. Car le feu est une réaction qui se fait avec du gaz et pas avec des solides. La chaleur va extraire le carbone du bois. Ce carbone va être émis sous forme de gaz de pyrolyse (de couleur blanche) puis ces gaz vont se mélanger à l'oxygène de l'air pour former un mélange inflammable. Si l'énergie apportée est suffisante, elle va provoquer l'inflammation de ce mélange. La réaction qui s'en suit est une réaction exothermique, mot un peu savant signifiant qu'elle produit de la chaleur. Cette chaleur va à son tour chauffer le bois qui va émettre des gaz de pyrolyse qui vont réagir avec l'oxygène de l'air et ainsi de suite. Le feu s'entretient donc lui-même.

Deux manières d'éteindre
Ceci étant posé, nous déduisons qu'il est possible d'éteindre en agissant sur l'énergie (donc en refroidissant) ou en privant le feu de comburant. Dans le cas d'un feu d'habitation, difficile de retirer le combustible, d'autant que déplacer un fauteuil en feu ne permet pas de l'éteindre.
Il existe évidemment d'autres procédés d'extinction avec des produits chimiques entravant la réaction (entre autres), mais nous nous contenterons ici des procédés que tout sapeur-pompier peut mettre en oeuvre avec le matériel basique dont il dispose: une lance qui envoie de l'eau.

En utilisant une lance à eau, nous pouvons éteindre principalement de deux façons: par inertage ou par refroidissement.

L'inertage
C'est un procédé d'extinction qui consiste à remplacer le comburant par un gaz neutre. Par exemple en injectant de l'azote dans un local. Avec une lance, nous pouvons réaliser ce genre de chose en produisant de la vapeur. Pour cela il va falloir diriger le jet d'eau vers les parois du local afin que cette eau, en touchant ces parois surchauffées, produise une grande quantité de vapeur qui va chasser le comburant et va en priver le feu, qui va donc s'éteindre.

Cette méthode possède évidemment des avantages mais aussi des inconvénients et quelques particularités. L'avantage principal c'est qu'il n'est pas nécessaire de voir le foyer. Il est possible d'envoyer de l'eau en étant assez loin, en étant hors du local (dans le couloir par exemple) ou même dehors.
Si nous utilisons cette méthode en étant dans le local en feu, la vapeur produite risquera de nous brûler. Dans ce cas, afin d'éviter le retour de vapeur, il faut avoir une ouverture de l'autre côté du foyer.
Cette méthode par remplacement de l'oxygène, permet une extinction assez rapide, de l'ordre d'une dizaine de secondes maximum. S'il faut plus de temps, cela signifie que le débit de production de vapeur est trop faible par rapport au débit de renouvellement de l'air. Avec une lance réglée à 500lpm (135 GPM) en jet diffusé (angle de 30 à 40°), la vapeur produire en 4 à 5 secondes suffit pour éteindre une pièce quasiment embrasée sur une trentaine de mètres carrés.
Si la pièce est plus grande, il conviendra de resserrer un peu le jet pour gagner en portée, mais dans ce cas, nous perdrons en surface de contact eau / murs et nous aurons donc un moins bon rapport quantité d'eau envoyée / volume de vapeur produit.
En tout état de cause, la durée d'extinction est relativement courte. Si elle dure quelques secondes, nous voyons en tout cas l'action de cette extinction. L'exemple le plus simple de l'extinction par diminution de comburant, c'est l'extinction de la bougie sur laquelle nous retournons un verre. Rapidement la flamme baisse en intensité puis disparaît.

Notons aussi que cette méthode (remplacement du comburant par la vapeur) ne sera pas utilisable en plein air, puisque la vapeur s'en ira dans l'atmosphère et que le comburant sera toujours présent.
La solution serait alors d'utiliser un système isolant le foyer, afin d'empêcher que l'air ne l'atteigne. C'est ce qui peut se faire avec de la mousse ou en recouvrant le foyer de sable par exemple. Dans ce cas, nous savons également que le résultat est quasi-immédiat.


Le refroidissement

Avec une lance, il est possible de refroidir, en envoyant de l'eau. Au contact de la chaleur, cette eau va monter en température puis changer d'état (passage de l'état liquide à l'état gazeux). Ces deux phénomènes (montée en température et changement d'état) nécessitent de l'énergie qui va donc être prélevée sur la source de chaleur.
Or, l'énergie, c'est quelque chose qui ne se conserve pas. Lorsque nous éteignons une lampe, la chaleur et la lumière disparaissent tout de suite. Il en est de même pour le feu: si nous jetons un verre d'eau sur une bougie, la flamme disparaît immédiatement. Si nous avons un feu sur une surface assez grande (le barbecue par exemple) et que nous jetons un verre d'eau, nous constaterons que toute la zone touchée par l'eau est éteinte, de façon immédiate.
La reprise du feu sur cette zone, reprise qui va se produire quelques secondes plus tard, provient du fait que la zone non éteinte continue à produire de la chaleur. L'eau s'étant évaporée, elle ne fait plus d'effet. La zone en feu chauffe donc à nouveau la zone éteinte (qui elle même est restée chaude) celle-ci reproduit des gaz de pyrolyses qui s'enflamment.
Mais si nous envoyons de l'eau sur toute la surface, tout sera éteint. Évidemment, le combustible solide restera chaud et une fois l'eau évaporée, il pourra à nouveau produire des gaz de pyrolyses qui pourront reprendre feu. Mais si nous profitons de cette extinction pour disperser le combustible solide ou le noyer afin de bien le refroidir, nous éviterons cette reprise.

Quel débit?
La question du débit est une question d'apparence simple, mais en fait extrêmement subtile. L'expérience montre qu'il suffit d'un très petit débit pour éteindre une surface en feu. Le problème se pose plutôt en terme de forme sous laquelle l'eau est envoyée. Si vous envoyez un verre d'eau sur un feu, celui-ci s'éteint (à nouveau l'exemple du barbecue). Si maintenant, sur ce même feu, au même endroit, vous envoyer 100 litres d'eau, vous obtiendrez le même effet. Car une fois que c'est éteint... c'est éteint! Ce qu'il faut, c'est augmenter le débit mais en même temps augmenter la surface atteinte, afin de garder en fait le même rapport débit / surface. Travailler en jet bâton avec un petit débit, puis augmenter le débit tout en restant en jet bâton, cela ne sert pas à grand choses. En augmentant le débit il faut augmenter la surface, donc passer en jet diffusé (ou au moins, déplacer le jet pour toucher d'autres zones). Les choses se compliquent du fait que la portée de la lance change avec l'angle du jet. En clair, si nous passons en jet diffusé, nous augmentons la surface couverte, mais nous diminuons la portée, ce qui n'est pas toujours souhaitable. L'autre problème c'est celui de la reprise et du temps durant lequel nous pouvons supporter la chaleur. Imaginons que nous soyons face à une grande surface en feu. Nous avons à notre disposition un tout petit tuyau d'arrosage de jardinier dont la portée n'est que de quelques centimètres. Allons-nous pouvoir tout éteindre? D'un point de vue théorique, oui: il suffit d'arroser consciencieusement une zone de quelques centimètres carrés pour l'éteindre. La surface en feu, atteinte par l'eau, s'éteindra immédiatement, nous pourrons alors la noyer pour éviter la reprise, puis passer à la zone suivante et ainsi de suite.
Sauf que dans la pratique, cela ne fonctionne pas: si la surface en feu est grande, cela signifie que la puissance thermique dégagée est importante et si nous arrosons centimètres carrés par centimètres carrés, nous allons subir la chaleur du reste de la surface pendant un temps très long, ce qui sera insupportable. De plus, la première zone éteinte va elle-même subir la chaleur de toute la surface encore en feu et elle aura donc de forte chance de sécher, les gaz de pyrolyse vont ré-apparaitre et elle va reprendre feu.
La solution consiste donc à éteindre la surface entière, le plus rapidement possible afin de n'avoir à souffrir de la chaleur que pendant un temps très court. Même si tout n'est pas parfaitement éteint, il sera possible d'avancer et de finaliser l'extinction en noyant les points chauds. L'idéal est alors d'envoyer de l'eau en jet un peu diffusé, en bougeant la lance afin de couvrir le plus vite possible la surface en feu. Et pour qu'il y ait assez d'eau par unité de surface, il faut un débit important.

Ceci étant, nous voyons bien que l'eau qui touche une zone va éteindre celle-ci. Mais ne va pas éteindre la zone voisine. Nous en déduisons que si une zone reste en feu, cela ne peut s'expliquer que par deux raisons:
  • Nous envoyons l'agent extincteur à côté de cette zone
  • L'agent extincteur n'est pas adapté: nous l'envoyons au bon endroit, mais il n'a pas d'effet.

Mais en tout cas, si l'agent extincteur est le bon et que nous l'envoyons au bon endroit, nous verrons l'effet de façon quasi-immédiate.


Le temps et la réussite
Ce que nous devons retenir des deux descriptifs précédents, ce ne sont pas les actions en elles-mêmes, mais le rapport de temps entre les actions et le résultat de celles-ci. Prenons une comparaison simple: vous voulez percer un trou dans un mur, chez vous, pour fixer un tableau. Vous prenez donc une perceuse, une mèche et vous commencez à percer. Si au bout de quelques secondes, vous vous rendez compte que la mèche n'est pas entrée de plus d'un millimètre dans le mur, allez-vous continuer à forcer? certainement pas. Vous allez arrêter, regarder l'état de la mèche, éventuellement la changer ou déduire que le mur est trop résistant pour le matériel dont vous disposez. Vous allez mettre en oeuvre une action et vous allez juger de son efficacité par le rapport temps - résultat. Il ne suffit donc pas de mettre en oeuvre une action: encore faut-il savoir analyser le résultat, ce qui va permettre de déterminer si cette action est efficace ou non.
Or, c'est bien la connaissance de l'action qui peut permettre de connaître le temps que celle-ci mettra à aboutir au résultat. Si vous pensez que pour percer un trou dans un mur, il faut 20 heures, vous allez évidemment insister pendant au moins 20 heures. Si vous savez que c'est l'affaire d'une minute, vous n'allez pas passer 20 heures à tenter de percer, car au bout d'une minute, vous commencerez à vous poser des questions!

En intervention..
Regardons maintenant les quelques photos ci-dessous. Elles sont extraites d'une vidéo diffusée sur Youtube (http://youtu.be/Sq6bAkSEoCE), montrant une équipe de sapeurs-pompiers Américains en train d'attaquer un feu de voiture. Rien de bien exceptionnel, sauf qu'apparemment ce n'est pas une voiture fonctionnant avec l'essence habituel...

La vidéo commence alors que les sapeurs-pompiers sont déjà sur place et on déjà commencé à arroser la voiture. Les 4 images ci-dessous sont extraites de la vidéo à 1, 10, 20 et 30 secondes. Nous constatons qu'il y a déjà 6 sapeurs-pompiers sur place et qu'au bout de 30 secondes, les actions entreprises n'ont donné aucun effet.
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Les 4 images ci-dessous sont prises à 55 secondes, 1 min 11, 1 min 40 et 1 min 50. Elles montrent là encore que les actions sont sans effet. Mais elles montrent aussi que le personnel n'est déjà plus dans une logique d'équipe globale, mais que chacun y va de son action, indépendamment des autres. Lorsqu'une action est entreprise et ne donne pas l'effet escompté, cela engendre un surcroît de concentration de la part de celui qui la réalise: il va insister et se couper mentalement de son environnement pour se focaliser sur cette action.
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Les 4 images suivantes montrent le résultat de cette concentration des individus, qui leur fait oublier les autres travaillant autour d'eux. Ces images sont prises entre 1min 51 et une minute 53. Sous la voiture, le carburant à coulé et il est en feu. Le sapeur-pompier de droite, utilisant la lance en jet bâton, se concentre sur cette zone de feu et va essayer de l'éteindre. Il va en fait pousser la nappe de combustible en feu vers son collègue, situé à gauche du véhicule. Dès que la nappe combustible sort au niveau de ce sapeur-pompier, elle prend de l'ampleur et le met en danger. Il réagit rapidement en la repoussant avec sa lance, puis s'adresse à son collègue avec des gestes peu sympathiques, ce qui se comprend parfaitement.
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Tant que les choses se déroulent comme prévu, le groupe est soudé. Mais là, il y a une totale incompréhension face à des flammes qui se déplacent, se reforment et semblent se moquer des sapeurs-pompiers. La tension monte, au fur et à mesure des efforts de chacun. Comme lorsque vous bricolez chez vous, que cela ne se passe pas comme prévu et que l'on vient vous demander quelque chose. Or, si pendant que l'on bricole, c'est gênant, sur une intervention incendie, le fait de s'enfermer mentalement dans une action inefficace, peut avoir des conséquences dramatiques. Ainsi, le 10 juillet 1991, les sapeurs-pompiers de Londres se sont trouvés sur le feu de Gillender Street, dans une situation d'actions inefficaces. A chaque fois que des moyens étaient mis en place, ils s'avéraient insuffisants car la progression du feu avait toujours de l'avance sur les moyens déployés. Le rapport indique qu'au sein du personnel engagé, la tension est monté progressivement jusqu'à arriver à une dissociation totale du groupe. Le chef de ce groupe a alors tenté de lui redonner une cohérence mais manager une équipe en perdition, face au feu, n'est jamais aisé. Lorsqu'il a donné l'ordre de repli, l'équipe n'était plus qu'un groupe de personnes, sans lien entre elles. La confiance était rompue et deux des sapeurs-pompiers ont alors pensé que la sortie n'était pas dans la direction prise par leurs collègues. Ils sont donc partis dans la direction opposée, se sont égarés et sont décédés.
Le rapport précise que les sapeurs-pompiers ont été appelés à 14H23 et que les corps des deux sapeurs-pompiers décédés ont été retrouvés à seulement 17H25, après des recherches qui ont mobilisé plusieurs équipes. Aussi stupéfiant que cela puisse paraître, l'enchaînement des actions inefficaces, l'incompréhension, la tension dans le groupe, les changements d'options, les entrées, les sorties, l'accident et la recherche ont tellement focalisé l'attention de la totalité du personnel qu'à 17H25 soit 3 heures après l'alerte, le feu n'avait toujours pas été attaqué!

A 2min 22 (ci-dessous à gauche) d'autres moyens sont mis en oeuvre (extincteur) mais sans coordination. Le groupe n'est plus solidaire: chacun prend une lance, essaye, la pose, prend autre chose, essaye et ainsi de suite.
A 2min 30 (ci-dessous à droite) il y a maintenant au moins 3 véhicules sur place, donc un déploiement de moyens disproportionnés. Mais en fin de compte, cela ne fait qu'ajouter des personnes qui vont, l'une après l'autre tenter d'éteindre, en utilisant des outils et des techniques qui ont déjà été testés, sans succès. Que les outils soient utilisés les uns après les autres, n'est en soit pas une erreur, mais la dégradation du groupe fait qu'un outil, totalement inefficace, sera ré-essayé quelques instant plus tard, de la même manière, comme si, par miracle, il pouvait redevenir efficace.
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Les quatre images suivantes montrent à nouveau le danger des actions inefficaces et la concentration que cela engendre de la part de ceux qui insistent sur ces actions. Le carburant s'échappe et part dans la rigole le long du trottoir. Voyant cela, le sapeur-pompier donne un coup de lance pour éteindre ces flammes, mais il ne fait que les repousser loin de lui. A peine a-t-il repoussé ces flammes qu'il se remet à arroser le véhicule donc à se focaliser sur l'action qu'il juge principale, sans se rendre compte que la zone de flamme est revenue et que, du fait de la pente de la rue, elle va descendre doucement au risque de propager le feu beaucoup plus bas (il semble néanmoins qu'un petit barrage ait été mis en place, mais que personne ne le surveille).
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A 3min et 45 secondes (à gauche, ci-dessous), il y a utilisation de mousse. Sur une surface aussi petite que le moteur de la voiture, il va y avoir application de mousse pendant 20 secondes, sans aucun résultat.
A 4min et 33 secondes (à droite ci-dessous), l'application de mousse recommence. Cette fois la lassitude se fait sentir. Une partie du personnel est parti, le sapeur-pompier est à genou pendant que ses autres collègues sont également à genou. A nouveau, il va y avoir application de mousse pendant 20 secondes, sans aucun effet.
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La vidéo se termine à 5 min 30 secondes environ. Elle a démarré alors que les sapeurs-pompiers étaient déjà en train d'arroser, elle est coupée en plusieurs endroits ce qui laisse penser que la durée totale est supérieure et pourtant à la fin de la vidéo, la voiture est toujours en feu!

Qu'en déduire?
Que ces sapeurs-pompiers ne savent pas éteindre? Ce serait une bien mauvaise déduction. Ils savent éteindre et ils ont certainement éteint un grand nombre de feux. Simplement, cette vidéo démontre que s'ils savent éteindre, ils n'ont pas compris le principe de l'extinction. Pourquoi? Parce que nous voyons immédiatement l'effet d'une extinction et que là, il ne se passe rien. Or, s'il ne se passe rien en 10 secondes, il ne se passera rien de plus en 1 minute ou en 10. Comme nous l'avons indiqué précédemment, s'il ne se passe rien "tout de suite" c'est soit que l'on ne dépose pas l'agent extincteur au bon endroit, soit que celui-ci n'est pas efficace.

Ici, nous avons une action dont le fameux rapport temps / efficacité est méconnu. Nous avons ici un bricoleur qui insiste pendant 20 heures sur sa perceuse alors que le mur est beaucoup trop solide pour le matériel qu'il possède. Attention, cela ne veut pas dire qu'il ne sait pas percer, car lorsqu'il se trouve face à un mur "classique", il perce en quelques secondes. Mais lorsque les choses ne se passent pas "comme d'habitude", son niveau de connaissance ne lui offre qu'une possibilité: insister, alors même que cela ne sert à rien.

Avec une connaissance plus précise du phénomène d'extinction, les sapeurs-pompiers auraient arrosé pendant une dizaine de secondes puis auraient arrêté. Il aurait été chercher une lance à mousse (par exemple), ils auraient arrosé 10 secondes, constaté l'inefficacité et aurait arrêté. Si, pris dans l'action, ils insistent, c'est à leur chef de les rappeler à l'ordre en leur demandant d'arrêter, de se poser et de réfléchir.
Ici, nous avons des moyens humains et matériels coûteux pour la collectivité et qui ne peuvent plus être engagés autre part. Nous avons une équipe qui se désolidarise. Nous avons du personnel qui ne comprend pas ce qui se passe. Et l'incompréhension est source de doute, ce qui n'est pas bon pour la gestion de l'équipe en situation de stress.

Conclusion
Comme nous le voyons, ignorer ce qu'est réellement l'extinction peut amener à des situations assez étonnantes. Nous sommes face à un feu de voiture sans gravité, mais une telle concentration de personnel sur un espace aussi petit pouvait laisser courir le risque d'une propagation lointaine, avec cet écoulement de carburant. Et dans un feu de local, la concentration du personnel sur un point précis, sans résultat valable, peut mettre en danger toute l'intervention.
Ceci amène aussi à se poser des questions sur le matériel proposé aux sapeurs-pompiers. Sachant qu'il n'existe à ce jour aucun système d'extinction qui pourrait, avec la même méthode et le même réglage, servir à éteindre 100% des feux, nous voyons que le problème qui se pose n'est pas celui de l'outil mais celui de l'utilisation, de la capacité à juger de l'efficacité et surtout à juger de l'inefficacité.
Paradoxalement, ce n'est pas la qualité d'utilisation d'un outil qui fait la différence, mais bien la capacité à déterminer le plus rapidement possible que cet outil est inadapté, ceci permettant alors de changer d'outil (ou de méthode).
Une analyse de divers accidents survenus en Europe et aux USA, confirme ce fait: dans la quasi-totalité des cas, les sapeurs-pompiers ont insisté avec un outil inadapté, sans avoir en fin de compte la connaissance nécessaire pour en déterminer l'inefficacité. Pire, si nous analysons le matériel disponible mais non utilisé, nous constatons que dans tous les cas, il y avait dans le camion tout ce qu'il fallait pour lutter efficacement!

L'extinction, c'est un phénomène dont le résultat est immédiatement visible. Si ce n'est pas le cas, c'est soit que les moyens sont insuffisants, soit qu'ils ne sont pas correctement appliqués. Il est alors ridicule (et dangereux!) d'insister. Il faut plutôt réfléchir, changer de méthode, d'outils ou les deux.






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