Fumées blanches : Dangers ! ! !

Date: 13 décembre 2004 à 22:25:23
Sujet: Accidents


Le 20 Juillet dernier, la LFB (London Fire brigade) a perdu deux de ses hommes sur un incendie, survenu sur le secteur de Bethnal Green Road. L'incendie s'est déclaré dans un immeuble de 3 étages avec un magasin et des habitations. Environ 40 Sapeurs-Pompiers étaient présents sur les lieux et ont participés au sauvetage de deux hommes, par le toit du bâtiment.



Deux Sapeurs-Pompiers, Bill Faust et Adam Meere ont été sérieusement blessés et transportés immédiatement à l'hôpital, ou ils sont décédés suite à leurs blessures.

Adam Meere, agé de 27 ans avait rejoint l'équipe de Whitechapel en Mai dernier (photo ci-contre).
Bill Faust, agé de 36 ans était Sapeur-Pompier depuis 7 ans. Il laisse une femme et trois enfants.
Ce sont les deux premiers morts à la brigade de Londres, depuis 1993. C'est la preuve que, même dans des secteurs ou la sécurité du personnel et la formation sont optimales, il reste encore du danger.


Les circonstances précises de l'accident ne sont pas encore entièrement connues, mais les éléments en notre possession montrent qu'ils se sont certainement trouvés en présence d'une explosion de fumées ("smoke explosion").

Rappel : L'explosion de fumées ("smoke explosion") ne doit pas être confondue avec le "backdraft", même si notre GNR fait l'erreur de confondre les deux ! Dans le backdraft il y a de la fumée et une source d'inflammation (flammes?) et c'est le comburant (air - oxygène) qui est manquant. Dans la "smoke explosion", le mélange fumées + air existe déjà. C'est la source d'inflammation qui manque.

Les fumées blanches sont un des signes précurseur de ces explosions de fumées.

Dans le cas présent le feu s'était développé lentement, produisant une fumée intense dans tout le bâtiment. Les premiers arrivés sur cette intervention, ont noté "des petites quantité de fumées blanchâtres et grisonnantes, sortant par une des fenêtres dans les étages". Au fur et à mesure de la progression, il devint clair que des produits de pyrolyse étaient en en train de se former dans tous les étages, tandis que des fumées blanches commençaient à sortir par les ouvrants.

Une heure après le début de l'intervention, les fumées blanches sont devenues rapidement plus sombres (le feu devenait sous-ventilé) et une inflammation des gaz accumulés s'est produit simultanément, au travers du sol proche des intervenants. L'effet de FGI (Fire Gaz Ignition) a bloqué deux Sapeurs-Pompiers qui avaient pénétré dans le local pour attaquer le foyer. Il est également probable qu'un passage d'air, créé à l'étage supérieur juste avant l'explosion de fumées, soit l'élément déclencheur du phénomène, en ayant provoqué un mouvement d'air défavorable dans le bâtiment.

Il est rappelé que la gestion des ouvrants est un point très délicat. Nous en avons sans doute la preuve ici. Le feu, en aspirant l'air en partie inférieure, trace son chemin vers les sorties en partie supérieure. Tout comme un foyer de cheminée fonctionne de façon intensive s'il y a arrivée ET sortie d'air, un incendie qui est ventilé en partie supérieure alors qu'une arrivée d'air est présente en partie inférieure, à toute les chances de se développer violemment, surtout lorsqu'il y a une forte accumulation de gaz et de fumées.

Il est rappelé (et documenté !) que la présence de nombreuses fumées blanches et un des signes précurseurs des explosions de fumées ("smoke explosion"). La possibilité que de tels phénomènes se produisent dans des compartiments adjacents au foyer ou parfois assez éloignés de celui-ci, est également connue. Lors des formations en containers (CFBT) et plus spécialement lors des formations multi-containers, les instructeurs doivent insister sur le fait que les produits de pyrolyse se présentent souvent sous forme de fumées blanches. Cela se démontre facilement lorsque le feu commence à attaquer les panneaux de particules, et que les fumées blanches se forment en couche, au plafond, en s'enflammant éventuellement, lorsque le mélange gaz - comburant est disponible en bonnes proportions dans le simulateur.

Dans l'ouvrage (à paraître) "3D Firefighting", John McDonough écrit "lorsque la température est trop basse pour permettre la combustion avec flammes, ou lorsque que le taux d'oxygène tombe en dessous de 15%, la combustion se transforme en pyrolyse (sans flammes actives), et une bonne partie du carbone reste intacte. Cela produit une fumée de couleur claire. Il est important de comprendre qu'au fur et à mesure du développement du feu, la chaleur se transmettra aux éléments adjacents, provoquant la pyrolyse et l'accumulation de ses fumées blanches qui contiennent une grande partie de gaz imbrûlés. De façon générale, des fumées de couleur claire indiquent souvent qu'il y a accumulation de gaz de pyrolyse, à cause de l'augmentation importante de la température dans les locaux. Ce phénomène est souvent remarqué dans les pièces ou les espaces adjacent au local en feu".

Dans son document intitulé "Smoke Explosion", Sutherland signale également que les fumées blanches et grises semblent précéder les explosions de fumées.

Lors de nos expériences sur les mini-simulateurs, nous avons également constaté ce phénomène : la fermeture des ouvrants dans les parties inférieures, provoque une forte augmentation de chaleur et la sortie de fumées très blanches, alors que le signe du backdraft semble plutôt constitué de fumées plus sombres. A noter que les fumées blanches, très chaudes, enflamment facilement les éléments mis à leur portée et s'enflamment elle-même très facilement.

Dans le cadre de ses travaux, Franck GAVIOT-BLANC (qui participe à de nombreuses traductions sur ce site), réalise des destructions de matières dans un four à thermolyse.
La chaleur est générée via des résistances électriques (de 300 à 500°C environ). En milieu anaérobique (donc en absence d'oxygéne) les gaz de pyrolise résultant sont blancs/gris, même lorsque ce sont des pneus qui sont placés dans le four alors que chacun sait qu'en présence d'oxygéne une combustion de pneu dégage une forte fumée très noire!
Dans le four, les particules de carbones (poussières imbrûlées) ne sont pas entrainés par le mouvement de convection (vitesse faible), alors qu'en extérieur ou dans un local avec ventilation, le mouvement de convection est beaucoup plus énergique et il a une vitesse de déplacement qui lui permet d'entrainer (on parle de vitesse de fluidisation) avec lui les particles imbrulées, ce qui génére des fumées noires.

Bien que toutes les situations de fumées blanches ne soient pas explosives, toutes les accumulations de ces fumées doivent être prises très au sérieux.
Les Sapeurs-Pompiers doivent donc travailler par zones, afin de garantir leur sécurité.

Rappelez vous :
Fumées blanches : Dangers !

Source
  • BBC News
  • The Guardian
  • London Fire Brigade
  • Firetactics.






Cet article provient de Flashover - Backdraft - Fire Gas Ignition
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