Des étiquettes de CD pour se repérer en intervention?

Date: 13 mai 2006 à 16:17:15
Sujet: Matériel


Lors des interventions de type feu de forêt, le repérage des véhicules peut s'envisager avec un système GPS. Si certains départements s'orientent vers ces systèmes, ceux-ci montrent quand même leurs limitations dans le cadre des feux de locaux. Outre le fait que les structures bâtimentaires sont des obstacles au repérage, la précision n'est pas suffisante pour localiser un sapeur-pompier en difficulté. Le NIST (National Institute of Standards and Technology ? USA), bien connu pour ses travaux liés aux feux, a lancé depuis peu une recherche sur l'usage des tags RFID. Peu onéreuse, déjà largement développée et répandue, cette technologie est d'autant plus intéressante qu'elle peut également servir hors intervention.



Le RFID ? Généralités

Lorsque vous présentez votre boîte de conserve à la caisse d'un supermarché, la caissière la passe devant un système de rayons qui vont lire le code barre. Ce code représente un ensemble de données, qui vont permettre le repérage du produit, au sein d'une base de données informatiques. L'ordinateur du supermarché va ainsi reconnaître le produit. En lisant la fiche de celui-ci il pourra en déterminer le prix qu'il affichera sur la caisse, mais il pourra également en déterminer la totalité de la nomenclature : c'est une boîte de petits pois de marque « Joli jardin », en 250gr, vendu au supermarché en palette de 1000, et comme il y en a eu déjà 900 de vendues, il est temps de relancer une commande etc?

Dans le cas d'une simple boîte de petit pois, le code barre suffit. Mais dans certains cas, il ne suffit pas, car le code barre « contient » une quantité d'information très réduite (l'équivalent d'une trentaine de lettres et chiffres).

Pour les produits plus coûteux ou pour lesquels un suivi doit être fait, il fallait trouver une autre solution. D'autant que le code barre est aisément falsifiable : une imprimante jet d'encre et le tour est joué. De plus, le code barre doit être lu avec un contact ou du moins avec un lecteur placé très prés du produit.

Lorsque vous allez acheter un CD ou un DVD à la FNAC (pour ne pas les citer), vous verrez que ces produits ne comportent plus de code barre. A la place, il y a une sorte d'étiquette carrée, d'environ 3 cm sur 3, généralement dans les tons rose ? doré, qui ressemble un peu à une puce électronique. C'est un Tag RFID.

Contrairement au code barre qui contient peu d'information et qui n'est qu'une information imprimée, le tag RFID contient beaucoup plus de données (20 fois plus environ) et peut se lire à distance. Entre autres, c'est lui qui déclenchera le bip-bip si vous essayez de sortir sans payer !

Lecture ? Ecriture

Sans rentrer dans des explications techniques trop complexes, nous pouvons dire que les tags existent en deux versions :

  • Ceux à lecture seul
  • Ceux à lecture écriture

Dans le premier cas, l'information est figée dans le tag lors de sa fabrication. Le tag contient donc des informations que l'on peut lire, mais qu'il n'est pas possible de modifier.

Dans le second cas, le tag contient des informations, mais il est possible de réécrire des données. Ainsi, le tag RFID indique que le produit, c'est le dernier CD de Telex « On the road again », qu'il coûte 12 euros. Vous passez à la caisse, vous payez et le vendeur passe le CD sur sa machine. Celle-ci écrit alors dans le tag que le produit est payé. Ce qui vous permet de passer la porte de sortie sans déclencher les foudres du vigil !

Distance de lecture

Le second point à prendre en compte, c'est la distance de lecture. Il existe pour cela, trois systèmes de tag.

  • Les tags passifs. Ce sont les plus simples. Il n'émettent pas de signal. C'est le lecteur qui se charge de tout. Leur lecture se fait au maximum à une distance de 3m
  • Les tags semi-actifs. Lecture sur une distance un peu plus grande
  • Les tags actifs. Possèdent une sorte de « batterie ». Peuvent être lus à 30m !

Quelques applications hors sapeur-pompier

Dans la distribution et la fabrication des produits, les applications existent déjà. Sachant que la lecture se fait par ondes radios (RFID = radio-frequency identification), il n'y a pas besoin de voir le produit pour le lire, contrairement au code barre. Il est donc possible de mettre un portique en sortie d'usine, pour compter les produits alors que ceux-ci sont dans des cartons, eux-mêmes dans un camion ou un wagon.

En mettant plusieurs antennes dans un hangar, il est également possible de retrouver les produits.

Quelques applications sapeurs-pompiers

Compte tenu de la taille minuscule d'un tag, et surtout de son coup minime, il est possible d'en équiper chaque individu. Sachant que chaque veste de feu doit être nettoyée au bout d'un certain nombre d'interventions, à chaque fois que l'équipe revient d'un feu, elle entre dans le centre en passant sous le porche. Les antennes RFID détectent les codes des vestes portées par les hommes et ajoute « 1 » à leur nombre d'usage, en inscrivant ce nombre dans les tags eux-mêmes. Sachant que les lecteurs peuvent lire jusqu'à 50 tag à la seconde, il n'y aura même pas besoin de s'arrêter ! La veste de l'un des hommes a atteint le nombre maximal d'usages ? Le système le détecte et prévient le Chef de Garde qui fait alors le nécessaire pour indiquer que la veste doit être nettoyée. Lorsque ce sera fait, le nombre d'usage sera remis à 0 dans le tag, tandis que le nombre de nettoyage sera augmenté de 1.

Sur l'intervention, les hommes, en progression à l'intérieur, peuvent être localisé en temps réel. Un plancher s'effondre, l'un des hommes est perdu ? L'équipe qui part à sa recherche pourra être guidée par les hommes restés dehors, qui pourront alors suivre le déplacement de l'équipe de sauvetage par rapport à la position de la victime. Et ce repérage, contrairement au GPS pourra se faire avec une précision de quelques centimètres, au travers des murs ou des planchers.

Le système peut même être étendu avec des tags fixes : comment se repérer dans un complexe cinéma, ou une salle de sport avec des vestiaires sur plusieurs étages lorsqu'il fait noir, qu'il y a de la fumée partout ? Il suffit de prévoir des tags RFID dans les locaux : l'équipe de reconnaissance utilise un lecteur de tags et se repère en lisant les tag collés sur les murs, à l'entrée d'un vestiaire, à l'entrée de la chaufferie etc?.

Les recherches du NIST

L'un des premiers documents disponibles sur cette recherche, « RFID-Assisted Indoor Localization and Communication for First Responders « (Système de localisation et de communication pour les premier intervenant, assité par RFID), indique :

Les système RFID sont généralement liés à des personne ou à des objets que l'on peut déplacer, afin que ces objets puissent être suivis en utilisant des lecteurs fixes, placés à différents endroits. Dans ce projet, supporté par le programme NIST « Technologie Avancée », nous allons explorer une nouvelle application, en partant du fait que la lecture d'un tag RFID fixe, par un lecteur en mouvement, donne une indication précise de la position de ce lecteur. La recherche a comme objectif d'évaluer les exploitations possibles de ce système à bas prix, pour le suivi des sapeurs-pompiers et des autres intervenants à l'intérieur d'un bâtiment, lorsque le GPS n'est pas utilisable (le signal pouvant par exemple avoir été court-circuité par des actions terroristes). La recherche va également considérer la possibilité d'utiliser des tags RFID, placés dans les bâtiments, afin de fournir des indications permettant d'aider les missions des intervenants, en décrivant le contenu des locaux?

Le système complet

Un système complet RFID est composé des éléments suivants :

  • un transpondeur, ou étiquette qui contient les données de l'élément à identifier,
  • une antenne utilisée pour transmettre le signal (ondes radiofréquences) entre le lecteur et le transpondeur,
  • un lecteur qui communique avec le transpondeur, via l'antenne (il reçoit le signal émis par le transpondeur et/ou lui transmet des informations) et qui envoie les données au système de traitement,
  • Un logiciel chargé du traitement des données.

L'avenir ?

Sachant qu'il existe des tags répondant à la norme ATEX, et que des logiciels de lecture existent même sous Linux, il est possible d'imaginer un déploiement rapide et peu coûteux de ce genre de technologie. Les travaux menés actuellement par le NIST sont, dans ce sens, assez exemplaires : afin de mettre en place des outils pour les sapeurs-pompiers, le NIST n'hésite pas à mettre sur pied des équipes dans lesquelles les industriels sont fortement représentés. En France ce type d'institut nous manque cruellement, et les sapeurs-pompiers ont une forte tendance à se refermer sur eux-mêmes, sans même chercher à profiter des apports extérieurs.

Les recherches sur les tags RFID sont, à ce titre, assez symptomatiques d'une piste qu'il convient devrait explorer. Plutôt que de chercher à inventer des solutions typiquement « sapeurs-pompiers », coûteuses à tous les points de vues (recherche, développement, construction, entretient?) il est préférable de faire preuve d'ouverture d'esprit et de regarder autour de soi, pour utiliser des outils déjà existants. La mise en place d'un système de repérage en intervention, peut évidemment être développé spécialement pour les sapeurs-pompiers. Mais il suffit de comparer le nombre de sapeur-pompier et le nombre de CD et de DVD équipés de tag RFID, pour se rendre compte que le prix de revient unitaire d'un outil, quel qu'il soit, ne pourra baisser que si cet outil est utilisé en dehors du cadre sapeur-pompier.

Soyons curieux, sachons observer et soyons ouverts !

Quelques liens

http://www.ela.fr
http://www.tagproduct.com
http://www.technologynewsdaily.com/node/845
http://www.antd.nist.gov/wctg/RFID/RFIDassist.htm







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