Les opérations par grande chaleur

Date: 07 juillet 2006 à 14:42:53
Sujet: Equipement de protection


L'arrivée des fortes chaleurs doit nous inciter à une plus grande prudence au niveau de l'hydratation des personnels et à leur surveillance en intervention. Dans le cadre des feux de locaux, le stress thermique est accentué par le type d'intervention. Il faut donc rester prudent et les fortes chaleurs doivent nous inciter à relire quelques règles de sécurité

Le sapeur-pompier, cible de la chaleur
Lors d'une intervention sur feu de local, les contraintes thermiques vont être importantes. La chaleur se dirigeant naturellement de l'élément chaud vers l'élément froid, le sapeur-pompier va être une sorte de " cible " pour cette chaleur. Sa sécurité sera assurée en partie par son équipement de protection individuelle (veste, sur-pantalon...) à condition que cet équipement soit en bon état et soit utilisé correctement.
S'il est tentant de croire qu'en accumulant les couches de tissus, la protection sera meilleure, c'est rarement le cas : il existe ainsi des sur-pantalons qui doivent être mis sans le pantalon F1, d'autres qui doivent être mis avec le pantalon F1. Il en est de même pour les vestes : les vêtements que l'on peut mettre en dessous vont dépendre du modèle utilisé et donc du fabricant.
Nous sommes bien ici dans un travail et une étude préparatoire : ce n'est pas lorsque le sapeur-pompier fera un malaise en intervention qu'il faudra commencer à réfléchir sur la manière dont il s'est habillé, d'autant que les conséquences d'un malaise en plein milieu d'un local en feu, peut avoir des conséquences dramatiques, à très court terme.
En tout cas, quelles que soient les conditions, le sapeur-pompier sera le destinataire de la chaleur et son élévation de température corporelle est inévitable.

Hydratation
La déshydratation est également un problème, à ne pas sous-estimer. Très souvent, c'est après l'effort que l'on sort les bouteilles d'eau et que tout le monde boit. C'est mieux que rien, mais c'est trop tard. La déshydratation se fera sentir par une fatigue accrue, par un début de mal de tête, par la gorge sèche etc... mais tous ces signes ont un point commun : ils sont les signaux émis par un organisme affaibli. Or, en intervention, il faut pouvoir compter sur des organismes pleinement fonctionnels durant l'action. "Réparer" ces organismes une fois l'action terminée, laisse supposer qu'une partie de cette action a été effectuée alors que l'organisme n'était déjà plus pleinement opérationnel.
Les multiples signaux de déshydratation sont donc de très mauvais indicateurs puisqu'ils indiquent un état qu'il convient de ne jamais atteindre. Il faut donc boire avant l'effort, donc par exemple durant le trajet jusqu'au lieu de l'intervention.

Le document Britannique relatif aux entraînements sur feux réels (disponible auprès de l'HMSO) donne des indications sur l'hydratation et sur les règles élémentaires à suivre avant l'engagement. Ainsi, l'absorption de café est fortement déconseillée alors que lors des gardes, il y a de fréquents passages à la machine à café ! Cette boisson à tendance à influer sur le rythme cardiaque, et devrait être évitée. Bien évidemment, il est toujours possible de dire "moi, ça ne me fait rien", mais dans des conditions extrêmes, il faut mettre toutes les chances de son côté. Piégé dans un local dont la température est de plusieurs centaines de degrés, l'organisme n'aura pas les réactions "habituelles" et dans ces conditions, plus l'organisme sera "opérationnel" et plus le sapeur-pompier augmentera ses chances de survie.
Un geste naturel quand on a chaud, mais il ne faut pas oublier de boire!

En terme de sécurité, il faut bien comprendre qu'il n'y a pas de logique binaire. C'est un peu comme pour la ceinture de sécurité: des personnes qui l'avaient mise sont néanmoins décédées dans une collision, et certaines personnes sans ceinture, sont sorti indemnes d'accidents graves. Mais ces exemples ne doivent pas excuser le fait de ne pas mettre la ceinture, car en la mettant, vous augmentez vos chances de survie. Ici, c'est la même chose : en prenant café sur café, en omettant de boire avant l'intervention etc... vous diminuez votre potentiel "survie".

Une extinction bien dosée
Même si cela ne semble pas avoir directement de rapport, la manière dont les intervenants vont procéder à l'extinction, aura un impact sur leur santé.
Dans le cas d'une attaque réalisée avec un fort débit, il sera impossible de ne pas toucher les murs. Il y aura donc production de vapeur, et certainement saturation d'une partie du local, en humidité. Si sur l'organisme humain, des tests ont été réalisés, c'est étonnement sur les animaux que l'on trouve le plus d'information. Ainsi, le site internet http://www.heatstress.info détaille les symptômes du stress thermique sur les animaux, dans le contexte de l'élevage. Les symptômes sont les mêmes que ceux décrits par Shan Rafell dans le document "La chaleur et le stress", mais sur ce site Internet, nous trouvons en plus des indications sur l'influence du taux d'humidité : au-delà de 50% d'humidité les effets de la chaleur se font en effet sentir de façon encore plus importante.
En clair, un intervenant utilisant l'eau par petites impulsions, en petit débit, pourra doser son action, tout en bénéficiant à la fois d'un très bon refroidissement de l'atmosphère et en maintenant le taux d'humidité du local à un niveau très bas.

Au contraire, avec un jet utilisé à fort débit, la portée sera telle que les murs seront atteints. Non seulement le sapeur-pompier risquera de s'ébouillanter, mais l'atmosphère sera moins bien refroidie, tandis que le taux d'humidité augmentera, tout ceci étant néfaste à l'organisme. Une étude, citée par Paul Grimwood et réalisé par l'US Naval Research Center a d'ailleurs confirmé tout cela.

De plus, avec de courtes impulsions en petit débit, il n'y aura pas de ruissellement d'eau, ce qui évitera de tremper les pantalons. Au-delà de l'aspect strictement "confort", il ne faut pas oublier que l'eau est un excellent conducteur de chaleur et que des vêtements mouillés protégent moins bien, car ils permettent le transfert de la chaleur.

En sortie

 Lorsque le binôme sort du lieu d'intervention, il convient d'ouvrir les vêtements pour "prendre l'air". Boire abondement, évidemment, mais également se reposer. Une fois l'opération en route, cela peut être le rôle du conducteur ou du Chef d'Agrès, de repérer assez rapidement une zone de repos pour les hommes. Le "petit jeune", nouvellement incorporé peut s'avérer très utile : il pourra aider à défaire les ARI, amènera les bouteilles d'eau, surveillera la récupération. En ville, si le lieu de repos n'est pas facile à trouver, le fourgon peut servir à cela, le placer à l'ombre étant idéal.

 Vétements secs et serviettes
Typiquement le genre de chose auquel nous pensons rarement lors des départs incendies: prendre une serviette et au moins un tee-shirt de rechange. En sortie du local, trempé de sueur, il sera bien de se sécher, puis de mettre un vétement sec. Dans le cas contraire, un petit courant d'air frais suffira à vous rendre malade.


Ventilateur avec réserve d'eau pour brumiser.

Au retour
Une fois l'intervention totalement terminée, la surveillance doit continuer. De retour à la caserne, le Chef d'Agrès reste responsable de ses hommes et devra les surveiller attentivement. Aux Etats-Unis, les statistiques sur les décès en intervention sont accessibles de façon plus simple qu'en Europe. Nous pouvons donc y prélever de multiples informations qui doivent nous inciter à la prudence. Ainsi, un grand nombre de décès ont lieu par arrêt cardiaque, non pas pendant l'intervention, mais après celle-ci et parfois même plusieurs heures après celle-ci ! La surveillance du personnel doit donc être assez longue, surtout suite à un effort violent, dans des conditions extrêmes.

Rappel de quelques symptômes

  • Crampes musculaires
  • Frissons
  • Mal de coeur
  • Mal de ventre
  • Etourdissements, vertiges
  • Fatigue inhabituelle ou malaise généralisé
  • Mal de tête


Dans ces différents cas, prévenir le Chef d'Agrès, se reposer dans un endroit frais ou à l'ombre, boire de l'eau jusqu'à récupération complète.

Si la récupération ne se fait pas complètement ou que l'un des symptômes suivants apparait:

  • Confusion
  • Incohérence des propos
  • Agressivité, comportement bizarre
  • Perte d'équilibre
  • Perte de conscience
  • Vomissement

 Il y a alors urgence médicale, car il y a risque de décès !

Conclusion
En tout état de cause, les symptômes apparaissent alors que le mal est fait. Il faut donc prévoir de boire avant l'effort, prévoir un lieu de repos avant d'avoir du personnel qui reste au soleil à ne pas savoir quoi faire etc L'efficacité des actions dépend de l'efficacité des hommes, et cette efficacité doit être garantie en permanence.

Quelques liens

 





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