Le besoin en débit sur les lances pour l'attaque intérieure

Date: 02 mai 2008 à 11:59:50
Sujet: C'est mieux en le disant!


Nous avons déjà débattu ici du besoin de disposer d'un gros débit pour éviter les accidents sur les feux intérieurs. Le fait que certaines sociétés privées donnent des cours aux sapeurs-pompiers en caisson « flashover », en utilisant des lances ne pouvant produire que de petits débits, à engendré une certaine confusion, accentuée par le fait que ces sociétés se revendiquaient des travaux de Paul Grimwood. Accordant une très grande importance à la sécurité du personnel engagé, Paul a rédigé un article, disponible en première page de son site firetactics.com. Il nous a demandé de le traduire et de la placer ici. Cet article devrait permettre à tous de constater la concordance de point de vu avec nos propos: si un petit débit peut suffire dans la plupart des cas, seul un gros débit disponible instantanément et ce dès la première ligne d'attaque, sera à même d'assurer la sécurité du personnel engagé.

Le besoin en débit sur les lances pour l'attaque intérieure
Par Paul Grimwood (Eurofirefighter - Firetactics.com - Mai 2008)

La définition de ce qu'est un débit minimum sécurisant pour la lutte incendie, a fait l'objet de débats dans plusieurs pays, durant la dernière décennie. Le concept d'entraînement basé sur le principe du CFBT (Compartment Fire Behaviour Training = Entraînement aux situations de feux de compartiment), dans lequel les sapeurs-pompiers utilisent des FDS (Fire Dynamic Simulator - Caissons maritime « flashover ») apparaît comme ayant créé des illusions dans ce respect d'un débit sécurisant.

Lorsque les sapeurs-pompiers réalisent leurs entraînements dans des containers de démonstration à 1.5MW (Ndt : container avec foyer surélevé) ou dans des containers d'attaque à 2.3 MW (Ndt : container avec foyer au sol), ils ne font l'expérience que d'un feu « léger », principalement en phase gazeuse, avec seulement une très faible phase « solide » .

Container d'attaque. La zone de feu est au niveau du sol. Puissance généralement constatée : 2.3 MW Container d'observation. La zone de feu est surélevée. Puissance généralement constatée: 1.5 MW.

Ces feux d'entraînement ne représentent qu'environ 50% d'un feu de local pleinement développé, en terme de puissance thermique, et sans doute encore moins au niveau de la charge en combustible solide. En fait, un appartement de 5 pièces peut passer du flashover dans une seul pièce, à un feu impliquant totalement les 5 pièces en moins de 30 secondes, lorsque les portes intérieures sont ouvertes.

Avec un tel potentiel d'accélération de la propagation, il est essentiel que vous fournissiez à vos sapeurs-pompiers une quantité d'eau qui sera assez «sécurisante» et disponible dés la première lance mise en oeuvre.

C'est ici que nous trouvons quelques conflits entre les entraînements en caisson «flashover» et les «vrais feux». Dans le confinement des containers «flashover», l'expérience nous a montré que nous pouvions en toute sécurité supprimer les gaz combustibles enflammés dans les couches supérieures, et contrôler le développement du feu avec des débits aussi faibles que 40 litres par minute (container d'observation) et 100 litres par minute (container d'attaque).

Mais l'expérience nous a également montré que lorsque les «vrais feu» montent rapidement en puissance et enflamment les gaz combustibles dans les compartiments adjacents, lorsqu'une ventilation soudaine survient suite à la rupture d'une fenêtre, ou lorsqu'un vent extérieur change les conditions en produisant parfois des effets de «blow torching» (torche de feu), le sapeur-pompier doit avoir à disposition immédiate un débit de lance qui lui permettra de contrer de telles conditions pour se sauver ou se mettre temporairement à l'abri dans une zone plus sûre.

En France et aux USA, des débits minimums ont été définis comme étant assez «sécurisants» pour laisser les sapeurs-pompiers pénétrer dans les structures. Ces débits sont de 500lpm pour la France et de 378lpm pour les USA (Ndt: plusieurs experts militent pour que ce débit passe officiellement de 378lpm à 500lpm).

Il y a de très bonnes raisons à cela, entre autres le fait que ces débits ont été calculés pour lutter contre les charges combustibles actuelles et la puissance thermique résultante. En fait, aux USA il est très fréquent de voir des débits de l'ordre de 550lpm disponibles en première attaque.

Au Royaume-Uni, j'ai milité sur une période de 10 ans, afin d'obtenir un débit minimum «légal» (débit basé sur de nombreuses recherches empiriques et sur des calculs scientifiques). Ceci a été conforté par la mort tragique de 8 sapeurs-pompiers en 3 accidents, depuis 2004, accidents sur lesquels il a été constaté que l'attaque initiale avait été réalisée avec des moyens dont le débit était insuffisant.

Bien qu'il apparaisse qu'une toute petite quantité d'eau soit suffisante pour refroidir efficacement la couche de gaz combustible dans un compartiment simple (une seule pièce), lorsque les gouttes d'eau sont d'un diamètre adéquat et que les paramètres de ventilation sont strictement maîtrisés, nous semblons avoir oublié le besoin d'un débit plus grand, qui doit être immédiatement disponible lorsque le feu prend rapidement de l'ampleur, impliquant alors plus de combustible et se propageant dans les autres locaux.

Je n'apporte pas mon soutien à l'utilisation de lances qui ne pourraient pas offrir un débit minimum d'au moins 380lpm pour le combat d'un feu en intérieur. Tout aussi important, ce débit minimum doit être réellement disponible à la lance, ceci dépendant des pertes de charge et de la capacité des pompes. Au Royaume-Uni, il a en effet été établit que des lances réglées à 450lpm ne fournissaient parfois que 280lpm, à cause de mauvais réglages de pompes.

Dans le passé, il a été démontré que des débits aussi bas que 200lpm pouvaient être suffisants pour traiter des feux en local «simple» (une seule pièce), totalement impliqué et ayant passé le stade du flashover. Cependant, l'accumulation des gaz dans les passages et les locaux adjacents, laisse supposer que le feu peut soudainement faire irruption dans d'autres zone et se développer plus vite que ce qu'un débit de 200lpm pourra contrôler. Un feu de 3MW peut ainsi devenir un feu de 15MW en moins de 30 secondes ! Dans ce cas, un débit plus important doit être instantanément disponible.

Il est essentiel que les sapeurs-pompiers s'entraînent avec les lances qu'ils utiliseront sur les «vrais feux», même si ces lances ne sont pas parfaitement adaptées aux environnements d'entraînement (caisson flashover). Si la lance a un réglage de débit qui permet d'envoyer dans les couches gazeuses, de toutes petites quantités d'eau, mais aussi de passer immédiatement à un débit supérieur à 380lpm si le besoin s'en fait sentir, alors cette lance devra être utilisée pour tous les scénarios d'exercices et aussi sur les «vrais feux».

En agissant autrement, vous faites courir un grand risque à vos sapeurs-pompiers.

Paul Grimwood - Mai 2008







Cet article provient de Flashover - Backdraft - Fire Gas Ignition
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