Nos actions étant définies, nous allons pouvoir commencer
à la regrouper, à les organiser afin de recréer,
à partir de nos temps superposés, ce temps
linéaire qui définit en quelque sorte notre intervention.
Nous avançons donc pas-à-pas vers une organisation qui
pour l'instant est loin d'être finalisée, mais
qui a, en tout cas, l'immense intérêt de prendre
forme, sous nos yeux, d'une façon très
concrète.
Création des actions
Voyons donc comment enchaîner nos actions. Il est possible
d'utiliser un logiciel, mais il est aussi possible de travailler
en «low tech», c'est-à-dire avec des
««bouts de ficelles».
Pour le plaisir, c'est ce nous allons faire, de façon simple.
Commençons par découper des petites bandes de papiers
d'environ 2cm de haut, à raison d'une bande par
tâche (donc par action). Les bandes sont plus ou moins longues,
suivant le temps nécessaire pour chaque action. Pour ne pas
avoir des bandes trop petites ou trop longues, nous sommes partis sur
le principe qu'une minute était
représentée par 1,5 cm de long sur la bande, ce qui
semble assez raisonnable. Pour faciliter cette mesure, nous
découpons simplement nos bandes dans une feuille de papier
quadrillée «petits carreaux». Chaque «petit
carreau» faisant approximativement 5mm de côté, une
minute correspond donc à 3 carreaux.
Mais bien sûr, cela dépend en fin de compte du temps de
l'action la plus courte et de l'action la plus longue. Nous
pouvons envisager qu'il faille avoir des tranches de 30 secondes.
Rappel : C'est un outil modulable, pas un
système fixe. Indiquer qu'un centimètre est
équivalent à 30 secondes ou à 1 minute, ne
constitue qu'un changement d'échelle.
Ensuite sur chaque bande, nous indiquons qui la gère, et nous mettons le nom de l'action.
Pour certaines actions, nous pouvons faire deux bandes identiques en
longueur et identique pour le descriptif de l'action, mais en
changeant simplement l'indication de «qui fait cette
action». Par exemple pour la mise en place de
l'échelle à la fenêtre, nous pouvons imaginer
que ce soit réalisé par le premier binôme, ou par
le second.
Mais ce choix, ce n'est pas véritablement à nous de
le faire. Bien évidemment, nous pouvons, arbitrairement, jouer
au «petit chef» et imposer que la mise en place de
l'échelle soit réalisée par tel ou tel
binôme. Mais nous allons voir dans quelques instants que le
système que nous mettons en place, nous montrera de
lui-même la meilleure solution. Non pas suite à un avis
quelconque, mais simplement par une démonstration
chiffrée : s'il faut 7 minutes pour arriver à un
résultat en imposant que ce soit le premier binôme qui
mette l'échelle en place, mais que nous arrivons au
même résultat en 5 minutes, simplement en demandant au
second binôme de placer l'échelle à la place
du premier, nous serions bien stupide de ne pas réaliser ce
changement. Car à l'extrême, qui fait quoi, peut
importe, du moment que ce soit fait, et bien fait!
Comme nous l'avons vu dans l'article
précédent, nous pouvons avoir des actions apparemment
identiques mais dont la durée sera différente. Ainsi,
«alimenter l'engin sur un poteau» ne va pas demander
le même temps si ce poteau est à 30m ou à 100m.
Nous pourrions réaliser une bande «action» pour 30m,
une pour 35m, une pour 40m etc. mais il nous faut être un
peu lucide et limiter quand même le nombre de cas, par exemple
avec une bande pour moins de 30m (ou 50m) et une pour une distance
supérieure. A ce niveau, ce sont bien les essais qui vont aussi
nous permettre de déterminer avec le plus de précisions
possible, la limite des distances donc le nombre de
«bandes» que nous devons créer.
Nous ne devrons jamais oublier que le système n'est pas
figé et qu'en cours de route, il sera toujours possible
d'ajouter, de supprimer ou de modifier une action.
Construire une intervention
Les bandes de papier étant préparées, nous allons les arranger suivant les types d'intervention.
Comme il faut bien commencer par quelque chose, nous pouvons prendre le
dernier incendie qui a lieu sur notre secteur d'intervention. Par
exemple une maison individuelle, avec un étage et un poteau
incendie à 100m. Cependant, si ce dernier incendie s'est
plutôt mal passé, alors il faudra de
préférence en prendre un autre, en vertu d'un des
principes établis par Descartes dans le «Discours de la
Méthode» à savoir que nous devons toujours
commencer par le plus simple. Si nous n'avons pas
été capables de gérer correctement ce feu, lorsque
nous allons vouloir placer nos «actions», nous allons
devoir faire ce rangement tout en essayant de trouver des solutions
aux problèmes que nous avons eu. La méthode la plus
pertinente consiste donc à partir d'une intervention qui
s'est très bien déroulée. Ainsi, nous
n'aurons qu'à nous préoccuper de bien ranger
nos «papiers actions», en reprenant simplement ce que nous
avons réalisé durant cette intervention.
Pour notre exemple, prenons notre cas d'une maison individuelle,
avec étage et poteau à 100m. Sur notre bureau, nous
plaçons donc nos papiers, pour créer plusieurs bandes.
Nous allons ainsi avoir l'enchaînement des actions pour le
conducteur, puis pour le premier binôme et ainsi de suite.
La première version donne, par exemple, le résultat suivant :
Le conducteur pose le cône de rassemblement, puis s'occupe
de sa pompe. Le premier binôme alimente le poteau à 100m.
Pendant ce temps, le second binôme dresse l'échelle
qui lui servira à se sauver en cas de problème puis il
met la lance en place.
Le rangement de ces actions montre que le conducteur devra attendre
environ 2 minutes sans rien faire avant d'ouvrir l'eau pour
le binôme (zone en rouge).
Il est toujours possible de chercher des excuses, mais celles-ci sont
vaines : chaque action possède un certain temps, et ce temps est
difficile à diminuer. Le simple rangement de quelques petits
papiers nous met donc en face de problèmes qui existaient depuis
toujours, mais de façon cachées. Nous comprenons
rapidement que nous avons les solutions, mais encore faut-il que les
problèmes apparaissent. Lors d'une intervention,
«ça va mal», mais pourquoi? Mystère. Alors
que là, les choses s'éclaircissent.
Ce temps d'attente n'étant pas acceptable sur une
intervention, nous devons trouver une autre solution. Pour cela, la
seule solution consister à changer nos papiers de place, pour
obtenir une autre solution :
Le conducteur s'occupe de la pompe pendant que le second
binôme place la lance. En 3 minutes, cette lance sera
alimentée, au lieu de 7 minutes dans le cas
précédent. Sauf que nous voyons qu'ici, nous avons
deux fois le même binômes (cercle rouge: mise en place
échelle par binôme 2 et en même temps ce
binôme est supposé mettre la lance en place).
La solution, c'est simplement de faire en sorte que ce soit le
premier binôme qui mette l'échelle en place avant
d'alimenter l'engin.
Nous avons donc réussi à optimiser l'intervention
de façon importante, non pas en courant plus vite (au risque de
tomber), en demandant 10 personnes de plus (avec les difficultés
de gestion que cela suppose) ou en changeant de camion (aux frais du
contribuable), mais simplement en changeant l'ordre des
opérations, tout ceci pour le coût d'une feuille de
papier, d'un crayon et d'une paire de ciseau.
Une fois ce schéma de fonctionnement prévu pour le cas «maison
individuelle avec étage, poteau à 100m», il nous suffira de refaire la
même chose avec une maison individuelle sans étage etc.
Liberty Ship
Durant la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis,
ravitaillant l'Europe en nourriture mais aussi en matériel et en
soldats, s'étaient rendu compte que les convois étaient sérieusement
endommagés par les sous-marins Allemands. Protéger les convois par des
navires de combat était une bonne solution, mais il fallait de toutes
évidences produire de plus en plus de bateaux de transport, et ce le
plus vite possible. En schématisant, l'idée était de construire les
bateaux plus vite que les sous-marins ne les coulaient. Or, pour
fabriquer un bateau, il faut des plaques d'acier, de la soudure, des
vis, des boulons etc. S'il faut par exemple 30 secondes pour visser un
boulon et que l'on veuille aller 2 fois plus vite, il faudrait donc
réaliser l'opération en 15 secondes et pour aller 10 fois plus vite, il
faudrait le faire en 3 secondes. La limite est donc rapidement
atteinte. De plus, dans le cas de telles opérations, difficile de
multiplier le nombre de personnes : il n'est pas possible de mettre 10
ouvriers en même temps pour visser le même boulon et de toutes façons,
si nous mettons de plus en plus de personnes, tout le monde va se gêner
et le gain de temps va être perdu par cette profusion d'individus. Nous
comprenons rapidement que l'optimisation, donc le gain de temps
général, ne pourra pas venir de l'accélération du travail de chaque
individu ni de la multitude de ces individus, mais plutôt d'un
rangement différent des actions dans le temps. En clair, d'une
meilleure combinaison des «temps superposés». Le résultat a été à la
hauteur des espoirs : alors qu'il fallait environ 6 mois pour
construire un navire de transport, avec cette nouvelle méthodologie, le
Robert E. Peary, navire de 150m de long, a été construit en moins de 5
jours, preuve s'il en fallait que ce n'est pas l'amélioration des
performances d'un individu qui fait la différence, mais bel et bien
l'organisation.
Un simple calcul le démontre : passer de 6 mois
à 5 jours, c'est diviser le temps par 36. Concrètement, pour optimiser
autant, plutôt que d'avoir par exemple 100 personnes sur un chantier,
il en faudrait 3600 avec la multitude de problème organisationnels que
cela impliquerait : transport des ouvriers, répartition des tâches,
cantine, infirmerie, etc. En passant simplement de 100 travailleurs à
3600, on multiplie toutes les professions périphériques et les
problèmes d'organisation.
Ou alors, au lieu de visser le boulon en 30 secondes il faudra le visser en moins d'une seconde.
En
imaginant que l'on arrive à faire visser ce boulon en 15 secondes, ce
qui constituerait déjà un exploit, il faudrait quand même avoir 1800
ouvriers, chacun devant évidemment être capable de visser ce boulon en
15 secondes. Autant dire que c'est totalement impossible et que c'est
donc bien l'organisation qui est capable d'une telle prouesse et pas
les individus, isolément ou en masse informe. |
Une multitude de cas?
Bien évidemment, il peut sembler qu'à ce petit jeu,
nous ayons une multitude de cas. Il va falloir un enchaînement
des actions pour les maisons avec poteau, sans poteau, avec
étage, sans étage etc. Des dizaines et des
dizaines de cas ! Un véritable enfer !!
Sauf que ce n'est pas vrai et notre système va rapidement et facilement en apporter la preuve.
Imaginons que vous disiez «je vais faire
l'enchaînement des actions pour un feu de maison
individuelle avec un poteau à 100m». Une fois cet
enchaînement réalisé, donc une fois vos petits
papiers posés sur votre bureau, il suffit de les prendre en
photo, de les placer sur votre scanner pour en garder une trace ou
simplement de recopier l'enchaînement sur une feuille.
Ensuite, préparez l'enchaînement pour «feu de
garage avec poteau à 100m». Si vous trouvez un
enchaînement différent, vous aurez donc bien deux cas
différents. Mais dans le cas présent, il y a de
très fortes chances que vous trouviez le même
enchaînement. En effet, il est clair que vos possibilités
sont réduites, à moins que vous ne soyez à la
tête de 100 sapeurs-pompiers et 25 camions... En fait, si les
feux sont effectivement un peu différents les uns des autres,
vos «possibles» sont en nombre réduits.
Si vous trouvez le même enchaînement, ce sera bien la
preuve que vous pensiez avoir deux feux différents, mais
qu'en fin de compte ils sont assez identiques, puisque vous les
traiterez de la même manière. Or, c'est bien ce
point qui compte : il faut se préoccuper de ce que nous allons
faire.
Rapidement, vous allez donc réussir à déterminer
le nombre de cas différents de votre secteur et vous vous
apercevrez nécessairement que ce nombre de cas est assez
réduit. Ne restez donc pas sur «une idée
vague», mais vérifiez avec ce système en
créant ces enchaînements. A noter aussi que si vous ne
créez les enchaînements que pour quelques cas, ce
n'est pas gênant. Au moins, ces types de feux seront
gérés de façon organisée, tandis que les
autres seront gérés comme avant,
c'est-à-dire avec une grosse part d'incertitude.
Comment optimiser?
Pour optimiser cette organisation, il y a plusieurs solutions, en
partant néanmoins du postulat que nous l'ayons
déjà optimisée par le placement judicieux des
actions les unes par rapport aux autres.
En premier, nous pouvons manoeuvrer. Le principe des tâches
élémentaires, et surtout le fait qu'il faille
absolument avoir une idée du temps, a certainement permis de
mettre le personnel en face de réalités non
soupçonnées.
Et comme nous avons des actions simples et que nous avons une
durée, il devient très facile de faire des exercices,
précis mais surtout motivants. C'est le principe de la
course navette de type Luc Léger : il est facile de mesurer ses
performances et il est donc facile de savoir si on
s'améliore, ce qui est très motivant. Une sorte de
compétition peut ainsi se mettre en place dans chaque caserne et
une équipe peut très bien trouver une solution pour
mettre l'échelle en place deux fois plus vite
qu'avant. Dans ce cas, le déroulement inscrit sur la fiche
de tâche devra être modifié, et à la
prochaine manoeuvre, l'équipe montrera aux autres comment
faire. Il suffira ensuite de refaire l'enchaînement des
tâches puisque cette optimisation pourra avoir un impact sur
l'ordre des actions.
En second nous pouvons envisager de changer le paramètre de
«qui fait l'action». Ainsi en France, par principe,
le conducteur alimente son engin si celui-ci est à moins de 20m
du poteau. Est-ce une bonne solution? Dans l'idée
générale, donc sans véritable analyse, cela semble
une bonne idée car cela libère un binôme et en
même temps «nous avons toujours fait comme
ça». Mais en faisant alimenter l'engin par le
conducteur, sommes-nous réellement plus efficaces? Avec nos
petits papiers, nous pourrons rapidement le vérifier et nous
pourrons facilement créer une tache d'alimentation
à moins de 20m, par un binôme. Et, si ça se trouve,
nous découvrirons que cette solution est plus optimale. En
clair, nous ne devons plus nous bloquer sur de soi-disant constantes,
dont pratiquement personne n'a réellement
vérifié le bien fondé au travers d'une
véritable gestion de projet.
Nous pourrons aussi faire la lumière sur des fonctionnements
à «mauvais rendement». Ainsi, la mise en place de
systèmes hydrauliques de type «lance sur
dévidoir», occupe du personnel en grand nombre. Il faut
souvent 3, 4, voir 5 personnes pour monter une telle ligne dans un
escalier et obtenir en fin de compte une faible puissance
d'extinction. Pris dans la frénésie d'une
intervention, le personnel en arrive à trouver cela normal et
«par habitude» cette absurdité devient la
règle. Or, non seulement la mise en place d'une
véritable organisation montrera que ce principe engendre une
perte de temps considérable, mais en plus, le fait que des
individus soient amenés à entreprendre des actions
à 5, puis à revenir sur des équipes de 2, pour
ensuite repasser par exemple à 3, apparaîtra alors comme
une aberration.
Pour le démontrer, il suffit d'essayer de créer le
diagramme de Gantt d'une intervention sur laquelle les
intervenants travaillent parfois seuls, à 2, à 3
etc. suivant les moments. En quelques instants, la
création du diagramme deviendra un véritable enfer. Or,
le diagramme n'est que la représentation
«papier» de la réalité : si la
création du diagramme est facile, nous pouvons espérer
que la réalité le soit également. Par contre, si
le diagramme est quasi-impossible à réaliser, c'est
que le rendement réel sera certainement très faible. En
tout cas, compte tenu des contraintes liées aux personnes, au
stress etc. la réalité ne sera jamais plus simple
que le diagramme.
D'ailleurs, dans de tels cas d'interventions, la
majorité des sapeurs-pompiers ne font rien d'autre que
courir partout, donnant ainsi l'impression d'une action de
grande intensité, alors qu'en réalité il ne
s'agit que de gesticulations.
Lors de la mise en place d'une organisation de type ISO, il faut
écrire le mode d'emploi de chaque action. Or toutes les
entreprises font la même constatation : tous les services, toutes
les actions qui ne posent pas de problèmes, sont faciles
à documenter. En quelques heures, le «mode
d'emploi» est écrit, validé par tous. Par
contre, tous les services qui posent problèmes, toutes les
actions qui sont souvent en retard, provoquent des conflits de
personnes etc. tout ceci est très difficile à
documenter. Pourquoi? Simplement parce que si ça va mal,
c'est simplement parce que tout le monde pense connaître le
déroulement «normal» mais qu'en fin de compte,
chaque individu à en tête un fonctionnement
«normal» différent de celui de son voisin.
Contrairement à ce que beaucoup pense, ISO-9001 ne permet
pas d'organiser. Simplement la Norme impose de mettre sous "le
projecteur des critiques", tous les services, les uns après les
autres, et la Norme est telle que
personne n'est épargné. Ici, avec notre système de tâches enchaînées, c'est la même chose.
Créer des actions
Nous avons vu que nous pouvions optimiser des actions existantes, mais
nous pouvons aussi en créer de nouvelles. Peut-être
qu'un jour, sur intervention, une action sera visiblement
nécessaire alors que nous ne l'avions pas prévu. Il
faudra alors la réaliser, mais surtout, de retour au centre, il
faudra la définir, la documenter, faire manoeuvrer les
équipes qui n'étaient pas sur l'intervention
et qui ne sont donc pas au courant de l'existence possible de
cette action, puis reprendre nos petits papiers et refaire les
enchaînements.
En clair, rien de bien dramatique, mais une simple mise à jour
du déroulement qui peut aussi se trouver modifier par un
changement de matériel, de camions, une évolution du
secteur d'intervention etc.
En gestion de projet, cette modification du déroulement suivant
des contraintes, mais aussi suivant des changements d'effectifs,
de matériel etc. se nomme «gestion de
configuration». Le projet est prévu, construit, puis
exécuté mais durant toute sa «vie» il peut
subir des modifications, définitives ou temporaires. Nous y
reviendrons plus tard.
Les variations de personnel
Un autre cas s'avère intéressant, surtout sur les
secteurs ruraux. En journée, il n'est pas rare d'y
être en sous-effectif. Rares sont en effets les villages dans
lesquels le bassin d'emploi est suffisant. Si quelques
sapeurs-pompiers exercent une profession sur leur secteur
d'intervention, nombreux sont ceux qui travaillent certainement
en dehors de celui-ci. Il est alors fréquent qu'une
intervention en journée se fasse avec un effectif plus
réduit que la même intervention, en soirée ou de
nuit.
Dans ce cas, il faudra faire deux fois le travail d'organisation:
une en imaginant la mise en place avec une équipe réduite
et l'autre fois avec une équipe au complet. Pour le
même feu, les actions seront sans doute différentes. Et
là encore, pas de discussion possible : si l'on vous dit
que ce n'est pas possible et qu'un départ à 4
devra faire exactement la même chose qu'un départ
à 6 ou à 8, alors répondez que vous êtes au
service de la population, que celle-ci vous paye et que, si 4=6=8 alors
autant partir tout le temps à 4, cela coûtera moins cher !
A contrario, avoir mis en place un système de
pré-planification comme celui dont nous parlons, permettra
d'argumenter sur divers besoins (nouveau matériel,
engagement de personnel supplémentaire) alors
qu'aujourd'hui les demandes ne se font que sur des
impressions, toutes plus vagues les unes que les autres.
Les cas particuliers
Il est tout à fait possible que vous ayez sur votre secteur, un
élément particulier qui, en cas d'incendie, sera
traité de façon différente des autres. C'est
le cas des fameux ER (Etablissements Répertoriés), maison
«de retraite» où sont localisées des dizaines
de personnes âgées généralement à
mobilité réduite, usine de traitement de produits
chimiques, hangar à accès difficile, ferme très
éloignée du premier point d'eau etc. dans ce
cas, il vous suffira de faire une grille d'enchaînement
d'actions, spécifique à cet établissement,
tout comme vous possédez actuellement un plan de celui-ci.
Plusieurs véhicules?
Il arrive parfois que les départs se fassent à plusieurs
véhicules. Ainsi le départ pour un feu
d'appartement peut engager immédiatement un camion avec
réserve d'eau et pompe, et une échelle. Dans ce
cas, il suffira d'avoir plus d'actions et de distinguer
(pour plus de facilité) les intervenants de chaque engin.
A l'extrême, le principe peut-être étendu,
quel que soit le nombre de personnes. Simplement, plus nous aurons de
personnel plus la gestion sera difficile et comme nous constatons que
ce qui va décider de toute l'intervention, ce sont les 10
à 12 premières minutes, c'est sur ce temps
limité (donc sur les actions immédiates) que nous devons
focaliser notre attention et notre organisation.
Nous avons maintenant des actions avec un temps bien défini, et
nous commençons à les mettre en place. Au fur et à
mesure, nous pourrons créer de nouvelles actions en fonction de
ce que ces constructions d'enchaînements nous ferons
découvrir.
La prochaine fois, nous poursuivons notre travail en commençant
à nous intéresser au rôle du chef (qui est
désormais un véritable chef de projet) et à ce qui
se passe au tout début de l'intervention.