Le
sapeur-pompier est un homme qui réalise un travail sur un
terrain parfois dangereux. Comme le couvreur qui glisse du toit de la
maison, le maçon qui tombe de l’échafaudage ou le
marin pêcheur tombé en mer et qui n’aura
pratiquement aucune chance de survie.
Piégé
à la fois par l’image d’Epinal qu’il aime
à véhiculer et par l’adoration que lui porte la
population, le sapeur-pompier est, comparativement aux dangers
qu’il côtoie, peu attentif à sa
sécurité. Ce n’est pourtant qu’un travailleur
comme un autre. Et si nous estimons que son activité est encore
plus dangereuse que la moyenne, il faudrait donc qu’il soit
encore plus attentif et que son comportement en terme de
sécurité, soit exemplaire.
A notre connaissance, dans
le monde Francophone, la CSST (Commission de la Santé et de la
Sécurité du Travail du Québec) est le seul
organisme à analyser les accidents de sapeurs-pompiers comme il
se doit, c’est-à-dire comme des accidents mettant en cause
des travailleurs effectuant une mission avec du matériel, des
compétences et des règles. Avec leur aimable
autorisation, nous publions un document, sorte de cri d’alarme
que le CSST a lancé en direction des sapeurs-pompiers. Certains
diront que cela ne change et ne changera rien. La fin du document et
les contraintes appliquées aux employeurs en feront
peut-être réfléchir quelques-uns.
| La CSST sonne l'alarme : Les accidents ne font pas partie du métier de pompier !
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Montréal, 3 février 2009 -La
CSST dévoile aujourd'hui les conclusions de ses enquêtes
sur le décès de deux pompiers. Le 4 mars 2008, Mathieu
Émond, pompier à temps partiel pour la ville de Varennes,
périt dans un incendie qui a ravagé une résidence
de Varennes. Cinq jours plus tard, le 9 mars 2008, André
Manseau, également pompier à temps partiel, meurt alors
qu'il combat un incendie dans un quartier résidentiel de la
municipalité de Val-des-Monts en Outaouais. Dans les deux cas,
la formation et la supervision sur l'utilisation d'un appareil de
protection respiratoire isolant autonome (APRIA) sont
déficientes.
Depuis 5 ans, en plus de ces deux cas,
quatre autres pompiers sont décédés d'asphyxie. En
moyenne, 500 accidents impliquant des pompiers se produisent chaque
année. La CSST souhaite que le milieu se prenne en charge et
veut sensibiliser tous les corps de pompiers du Québec à
l'importance de la gestion des équipements de protection
respiratoire. Il n'y a pas de place pour l'improvisation dans un
métier comme celui de pompier.
Varennes : Rappel des événementsDans
la nuit du 3 au 4 mars 2008, Mathieu Émond, 26 ans, effectue
avec deux de ses collègues une intervention offensive dans une
résidence en feu. Ils se rendent au sous-sol de la maison pour
localiser le foyer d'incendie. M. Émond manque d'air,
soulève la partie faciale de son APRIA, prévient ses
collègues et s'effondre sur le sol. Un collègue informe
par radio le commandant, tente de soulever M. Émond et n'y
parvient pas. Des équipes de sauvetage sont formées, mais
les tentatives de sauvetage sont infructueuses. Le corps du pompier est
retrouvé au matin. Il est mort d'une intoxication au monoxyde de
carbone.
La CSST retient trois causes pour expliquer l'accident survenu à VarennesD'abord,
la gestion des opérations de sauvetage est déficiente, de
même que la gestion des équipements de protection
individuelle. Pour ces deux éléments, les pompiers
n'avaient pas reçu la formation et l'entraînement
nécessaires et ils n'avaient pas les équipements
spécialisés pour effectuer un sauvetage. Finalement, la
conception de la valve de canalisation principale de l'APRIA permet sa
fermeture accidentelle.
Varennes : Exigences de la CSSTLa
CSST exige de l'employeur qu'il s'assure que tous les pompiers portent
leur avertisseur de détresse personnel durant un incendie et
qu'il leur fournisse une radio portative
émettrice-réceptrice munie d'un microphone pouvant
être porté à l'épaule ainsi qu'une lampe
portative. De plus, l'employeur doit former les pompiers sur le port de
l'APRIA, comprenant un volet sur son ajustement et les manoeuvres
à effectuer en cas de défaillance, et sur les
méthodes de sauvetage d'un pompier en difficulté.
Val-des-Monts : Rappel des événementsLe
9 mars 2008, des pompiers tirent un tuyau d'incendie dans le
garage d'une maison pour combattre le feu qui fait rage dans la
résidence. À la demande de leur supérieur, ils ne
portent pas la partie faciale de leur APRIA pour économiser le
contenu de leur bouteille d'air comprimé. Un craquement se fait
entendre. André Manseau, 18 ans, crie à ses
collègues de fuir. Le toit du garage s'effondre. M. Manseau est
prisonnier des décombres et toujours vivant. Il est
dégagé par ses collègues 45 minutes plus tard,
mais il est trop tard, il est décédé par asphyxie.
La CSST identifie deux causes pour expliquer l'accident survenu à Val-des-Monts Le
garage est utilisé pour combattre l'incendie alors que son
intégrité structurale est menacée, exposant ainsi
les pompiers à un danger d'effondrement. La supervision des
travailleurs à l'égard du port de l'APRIA est
déficiente, ainsi, un travailleur se retrouve dans une zone
d'air contaminé sans la partie faciale de son appareil de
protection respiratoire isolant autonome.
Val-des-Monts : Exigences de la CSSTLa
CSST exige de l'employeur qu'il établisse des directives de
sécurité sur les mesures à prendre dans
l'évaluation des risques d'effondrement des structures, sur les
tâches pouvant être accomplies de façon
sécuritaire par un pompier apprenti sur les lieux d'une
intervention, sur le nombre minimal de pompiers prêts à
intervenir ainsi que sur les moyens et équipements requis pour
une attaque dans des conditions sécuritaires à
l'intérieur d'un bâtiment.
Municipalités mises à l'amendeLa
CSST considère que les villes de Varennes et de Val-des-Monts
ont agi de manière à compromettre la
sécurité de leurs travailleurs. En conséquence,
des constats d'infraction leur ont été
délivrés. Pour ce type d'infraction, l'amende peut varier
de 5 000 $ à 20 000 $ pour une première offense ou de 10
000 $ à 50 000 $ en cas de récidive.
Prévenir les dangersPour
éviter que de tels accidents ne se reproduisent et afin que des
mesures soient prises pour permettre aux pompiers d'exécuter
leur travail de façon sécuritaire, la CSST a transmis les
conclusions de ses enquêtes à l'École nationale des
pompiers du Québec, au ministère de la
Sécurité publique du Québec, à
l'Association sectorielle paritaire - secteurs affaires municipales,
aux différents services de Sécurité incendie du
Québec et aux fabricants relativement à la conception de
l'appareil de protection respiratoire autonome.
Note : le texte reproduit ci-dessus dans son intégralité, sans altération, l’est avec accord du CSST.
Le document original est disponible sur le site internet de cet
organisme, dans la zone Salle de Presse, sous la
référence 1 866 302-CSST (2778). Toute
reproduction, extraits, utilisations etc. de tout ou partie de ce
document, ne pourra se faire qu'avec autorisation du CSST. Les rapports
des accidents dont il est question dans ce texte sont disponibles dans
la zone téléchargement, en cliquant ici. |