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Incendie dans un IGH au Vénézuela
- Paru le 24/10/2004
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Equipement de protection bulletArticle: Détection ou protection ?


« Les vestes textiles protègent de trop », « il faut arroser la porte et regarder l'évaporation pour déduire la température du local ». Autant de raisonnements que nous entendons fréquemment, qui semblent logiques et qui pourtant ne le sont pas. Il existe en effet une confusion entre les moyens de détection et les moyens de protection. Or, l'usage de l'un pour l'autre, risque de vous mettre en situation de danger.

Détection et protection
Les systèmes de sécurité, quels qu'ils soient, reposent en grande partie sur deux familles d'éléments complémentaires : la détection et la protection. Ainsi, en intrusion, la détection peut-être la caméra vidéo qui va prévenir de l'intrusion, tandis que la porte blindée assurera la protection. En incendie, les détecteurs de fumée assurent évidemment la détection, tandis que les portes coupe feu sont des organes de protection.

Différence de sensibilité
La différence entre ces deux familles d'éléments réside essentiellement dans la différence de seuil de fonctionnement. Or, la logique même de ce « seuil de sensibilité » est différente suivant le type de fonction.

Détection = seuil bas
Les systèmes de détection sont conçus afin d'avoir des seuils de sensibilité très bas. Un détecteur de fumée va commencer à diffuser une alarme alors qu'il n'y a pratiquement pas de fumée.

Même chose pour un explosimètre : lorsque celui-ci vous indique un %, ce n'est pas le % dans la plage de danger (donc pas entre le LII et la LSI), mais le % avant cette plage de danger. Lorsque vous êtes prévenu, il n'y a pour ainsi dire pratiquement aucun danger (à l'interprétation de l'étalonnage près).
Simplement, la situation évolue vers ce danger. En avertissant très tôt, ces dispositifs permettent une réaction précoce, qui laisse le temps de réaliser une mise en sécurité ou une évacuation, avant que le seuil de danger réel ne soit atteint.

Protection = seuil haut
Dans leur conception, les éléments de protection sont radicalement différents. Alors que l'élément de détection doit réagir avant le danger, l'élément de protection doit continuer à assurer sa fonction, même après le niveau de danger le plus élevé.
L'élément de protection est conforme au principe bien connu : « trop fort n'a jamais manqué » !

Nous en avons la preuve avec les anneaux cousus des Lot de Sauvetage (LSPCC), dont le nom complet est d'ailleurs « Lot de sauvetage et de protection contre les chutes ». Sa composition est donc bien celle d'un équipement de protection.
Chaque anneau cousu est annoncé comme résistant à 2 tonnes, alors qu'il n'aura à supporter qu'un sapeur-pompier, voir deux en cas de problème. Or, même 3 ou 4 sapeurs-pompiers avec leur équipement complet, ne pèsent pas 2 tonnes. De plus, compte tenu du fait que nous sommes ici dans le cadre d'un équipement de protection, vous pouvez être certains que votre anneau cousu annoncé pour 2 tonnes a été validé par le fabriquant pour un poids très supérieur.

La résistance d'un élément de protection est donc supérieure à celle que l'on trouve dans des conditions extrêmes d'utilisation (c'est le facteur de sécurité). Le but étant ici d'avoir le temps de s'éloigner du danger. Détection précoce et protection longue durée sont donc complémentaires.

L'évolution des dispositifs
Avec l'évolution des matières, des techniques ? les dispositifs de « détection » et de « protection » sont en perpétuelle évolution. Compte tenu de leur particularité, ces éléments évoluent évidemment de façon différente. Ainsi, les détecteurs sont de plus en plus sensibles et cherchent à détecter de plus en plus d'événements : odeur suspecte, vibration, changement de pression? Le domaine de l'automobile n'est pas en reste avec les radars de recul. De même les disques-durs des ordinateurs portables sont de plus en plus équipés de détecteur de mouvement, qui va leur permettre de déceler que l'appareil est en train de chuter, ce qui laissera le temps au mécanisme de se mettre en sécurité.
Pour la protection, l'évolution va dans le sens d'un accroissement du niveau de résistance : pantalon de travail, gants, tenues de feu, etc? résistent de plus en plus : agression thermique, agression chimique, bactériologique etc.
Comprendre cette différence dans l'évolution des deux domaines est très important. Nous sommes face à des vêtements, des appareils, des dispositifs, des systèmes que nous utilisons et qui vont parfois évoluer, sans que nous en soyons informés.

Utiliser la protection comme détection
Il est évident que l'utilisation d'un dispositif de détection pour de la protection est difficilement imaginable. Se cacher derrière un détecteur de fumée pour échapper aux flammes est évidemment ridicule, d'autant que l'intérêt du détecteur est justement de vous prévenir pour que vous ayez le temps de vous enfuir !
Par contre, sans réellement en prendre conscience, nous avons tendance à utiliser les dispositifs de protection pour tenter de « détecter » les événements.
Reprenons la première réflexion citée dans cet article : « les vestes textiles protégent de trop ». Cet remarque est avancée avec un argument simple : « lorsque l'on détecte la chaleur, il est trop tard ». La raison invoquée contient elle-même l'explication de l'erreur, non pas du concepteur de la veste, mais bel et bien de l'utilisateur : la veste de feu, jusqu'à preuve du contraire, est définie comme un EPI c'est-à-dire un Equipement de Protection Individuelle. Est-ce que cette veste permet la détection de la chaleur ? Non, heureusement, car elle n'est absolument pas faite pour cela.

Bien sûr, il n'est pas enseigné « officiellement » d'utiliser la veste comme détecteur de température. Mais lorsqu'un formateur avec plusieurs années d'expériences, indique aux stagiaires que « les cuirs c'était mieux car on sentait la chaleur, alors qu'avec la veste textile, on la ressent plus difficilement », il accrédite la théorie par laquelle le sapeur-pompier va pouvoir détecter la chaleur via sa tenue de protection.
Ceci va donc engendrer une erreur majeure de la part de l'utilisateur : alors qu'il utilise un élément de protection dont l'évolution ira vers un accroissement de ce niveau de protection, il essaye ou essayera de s'en servir comme d'un élément de détection, ce qui le mettra de plus en plus en danger.
Le sapeur-pompier doit donc prendre son vêtement de feu pour ce qu'il est : un vêtement de protection. Il souhaite détecter la chaleur ? pour cela il peut utiliser la balise de détresse de son ARI (certaines font également office de détecteur de chaleur, et souvent le personnel ne le sait même pas !). Le sapeur-pompier peut également apprendre à observer le feu, utiliser un thermomètre infrarouge, utiliser sa lance pour tester la température des fumées etc? Mais en tout cas, s'il souhaite détecter, il ne devra jamais chercher à le faire avec sa tenue de protection.

Détecter avec les portes
L'arrosage de la porte et l'évaporation de l'eau sur celle-ci est également une profonde erreur, pour la même raison.
D'abord, en pleine nuit, avec l'ARI sur le dos, à genou dans un couloir, dans le noir complet, vous pensez-vous capable de déterminer si une porte est coupe-feu ou non ? Peut-être, mais certainement pas à coup sûr. Si vous êtes face à une porte avec deux vantaux, en plein milieu d'un couloir d'accès, c'est assez facile. Mais les portes des bureaux, des zones d'archivages etc? peuvent également être coupe-feu. Savez-vous par exemple que toutes les portes d'appartement sont coupe-feu 30 minutes ? Cette durée vous semble très courte ? Pas si le particulier a installé un détecteur de fumée chez lui. Deux heures du matin, le détecteur de fumée se met à réagir suite à un début d'incendie dans le salon (court circuit sur la télévision par exemple). 2H02 la famille est dehors et vous appelle avec son téléphone portable. A 2H15 vous êtes face à la porte, avec votre ARI, votre lance etc? La détection étant très précoce, vous êtes face à une porte coupe feu 30 minutes, mais seulement 15 minutes après le début de l'incendie. En plus, le local est feu n'est pas nécessairement juste derrière la porte. La « détection » que vous aller tenter sur la porte, en l'arrosant et en essayant de voir l'eau s'évaporer, a-t-elle des chances de vous informer correctement ?

Pour se persuader du contraire, il suffit de savoir comment son testées les portes coupe feu : le test de la norme ASTM-E152 habituellement utilisé, consiste à appliquer une puissance thermique équivalent à environ 1400 / 1500°C (soit prés de trois fois le seuil de déclenchement du flashover !) sur une des faces de la porte. Des capteurs sont placés sur l'autre face de la porte. Lorsqu'un l'un de ces capteurs détecte une température de 180°C ou lorsque la température moyenne de tous les capteurs atteint 140°C, le test s'arrête. La durée qui a été nécessaire pour que les capteurs atteignent ces valeurs, détermine la durée de résistance « coupe-feu ».
Dans ces conditions, peut-on sérieusement imaginer que l'eau s'évaporera, lorsque vous arroserez une porte d'appartement seulement 15 minutes après le début de l'incendie, lorsque de l'autre côté le local, éloigné de la porte, sera à 500°C, donc dans une situation thermique, qui, dès l'ouverture de la porte (apport de comburant) évoluera en moins de 10 secondes vers le flashover ? Et que dire lorsque la porte coupe-feu sera de type « 1 heure » ou même « 2 heures » ? Utiliser une telle méthode, c'est à dire tenter de « détecter » en utilisant un élément de « protection » vous donnera une fausse information. Vous risquez alors d'ouvrir la porte, en étant pleinement rassuré. Mais ce sera peut-être la dernière fois?

A titre indicatif, un bloc porte coupe feu 30 minutes coûte environ 110 Euros. Il est donc imaginable que des particuliers en mettent chez eux, afin de séparer par exemple l'arrière-cuisine de la chaufferie, ou pour séparer la salle de jeu du bureau (et de son matériel informatique).

Tout comme dans le cas de la protection avec la veste de feu, ce sont d'autres éléments qui devront vous permettre de détecter cette chaleur (voir les indications plus précises dans le document Jet-Débit-Action).

Conclusion
A chaque fois que vous chercherez à obtenir une information, vérifiez bien que ce que vous utilisez pour cela n'est pas dédié à la protection. Dans ce cas, méfiez vous du résultat que vous obtiendrez, car il sera nécessairement faussé par la qualité de protection de cet élément. Utiliser la détection pour détecter, la protection pour protéger. Logique n'est ce pas ?


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