Face à une maison en feu, il faut sortir des lances et
arroser.
Mais quelle lance prendre et comment arroser ? Quel que soit le pays,
nous constatons que l'estimation des moyens hydrauliques se
fait
de façon empirique et que c'est souvent (presque
toujours)
l'habitude ou la facilité (les deux vont de
paires) qui
dirige le choix. Seule la vision d'un feu d'une
ampleur
très inhabituelle va provoquer un changement de
matériel.
Si par chance, l'adéquation «moyen
?
besoin» est bonne, alors les choses se passent bien. Dans le
cas
contraire, les sapeurs-pompiers se retrouvent au service des grands
brûlés ou à la morgue. Tout le monde
pleure
beaucoup, mais personne ne cherche à savoir comment
déterminer cette adéquation. Au travers de deux
articles,
nous allons tenter de répondre à cette question.
Le
premier article sera consacré à la recherche
rapide des
moyens en fonction des locaux, tandis que le second article fera une
analyse des locaux actuels et de leur évolution.
Absence de vue à long terme
Alors que le sapeur-pompier devrait être proactif, il est à peine réactif. Les accidents ne sont pas
analysés. Comme d'habitude, les derniers morts au feu,
qu'ils soient Français ou Belges (pour ne citer que ceux-là), ne feront rien avancer puisque les analyses,
s'il y en a , resteront superficielles, de peur de devoir modifier les comportements, et ce malgré les grands discours
qui
promettent comme à l'accoutumé, que
tout la
lumière sera faite.
Pourtant, un jeune couple qui va construire une maison, va mettre du
temps pour se renseigner. Ce jeune couple va chercher des plans, va les
comparer, va définir ses choix etc? Entre le moment où ce jeune couple va avoir devant les yeux, pour la première fois, le plan de sa future maison, et le jour où des sapeurs-pompiers décéderont dans
l'incendie de cette habitation, il s'écoulera plusieurs années. Ces années devraient être mises à
profit par les secours. Un service incendie digne de ce nom ne doit pas découvrir le jour de l'intervention, que les
maisons ont évolué. Ce jour-là, non seulement il
sera trop tard, mais en plus l'écart entre le savoir du
sapeur-pompier et la réalité des faits sera tel que le changement à opérer sera trop grand et ne sera certainement pas réalisé.
Or, à la vitesse à laquelle évolue les constructions, l'écart risque de se creuser. Nous
sommes
tout à fait dans la Fable de la Fontaine «Le
lièvre
et la tortue». Le service incendie pense qu'il a
encore le temps d'évoluer, mais le jour ou cette évolution
devient impérative, le service incendie fait comme le lièvre: il arrive trop tard.
En 1998, Stefan Särdqvist a réalisé une étude
des feux de structures sur le secteur de Londres (Real Fire Data Fires
in non-residential premises in London 1994-1997). Pour chaque feu, la
surface a été notée, ainsi que le temps d'intervention, le temps d'extinction
etc? Il a été constaté que dans 25% des cas, les
feux devenaient plus violents malgré l'intervention des
secours. En clair, dans 25% des cas, les moyens initiaux étaient
insuffisants pour enrayer la progression. A la fin, les feux étaient évidemment éteints, mais les secours ne réussissaient à éteindre que lorsque la courbe de croissante du feu fléchissait d'elle-même.
Cette analyse de l'extinction permet
déjà de se remémorer de nombreuses interventions sur lesquelles la
courbe d'évolution du feu continue à croître alors même que les moyens sont engagés. Ce simple fait doit amener à un conclusion simple: les moyens choisis n'étaient pas les bons et le fait
qu'après
plusieurs heures le feu ait été
éteint, ne constitue pas une preuve de l'efficacité de l'action.
Le bon jugement
Il n'y a pourtant que deux choses très simples à faire :
- Mesurer les moyens à disposition
- Mesurer les besoins
Et en schématisant nous pouvons dire qu'il n'y a que 4 situations envisageables:
- Les moyens sont insuffisants et on reste dehors
- Les moyens sont suffisants et on reste dehors
- Les moyens sont suffisants et on rentre
- Les moyens sont insuffisants et on rentre
Le cas numéro 1 n'a strictement rien de honteux, bien au contraire: le chef connaît les moyens de son véhicule et
les capacités de son personnel, il juge l'ampleur du feu et estime que les moyens sont insuffisants par rapport à l'ampleur. Il décide donc de laisser le personnel dehors et celui-ci va arroser par la fenêtre. Les
dégâts des eaux seront sans doute énormes, mais peu importe, la
sécurité du personnel étant prioritaire.
Dans le second cas, les moyens sont suffisants, mais on reste dehors.
Cela peut provenir de deux éventualités : soit le
chef ne sait pas estimer la capacité de ces outils, soit il ne sait pas calculer la puissance d'un feu. Il lui est donc impossible de comparer les deux et, sans doute pris de peur, il ordonne de rester dehors. Dans un sens c'est une faute car il va certainement y avoir de gros dégâts des eaux qui auraient pu être évités, mais en même temps c'est l'assurance d'une sécurité
maximale pour les intervenants, puisque ceux-ci fonctionnent en risque zéro.
Le troisième cas est le plus idéal: le chef a fait une comparaison correcte et il demande à son personnel d'entrer. Celui-ci dispose donc du matériel lui permettant à la fois d'assurer sa mission
d'extinction, mais en
même temps de disposer de moyens suffisants pour assurer sa
propre sécurité ou celle des victimes éventuelles,
même en cas de dégradation de la situation. Les moyens étant adaptés et l'attaque
étant menée par l'intérieur,
l'extinction sera rapide et sans dégâts des eaux.
La quatrième solution est à rapprocher de la
seconde. Le chef a un niveau insuffisant pour comparer ses moyens avec ses besoins.
Mais dans ce cas, sûr de lui, ou motivé par une formation inadaptée, il opte pour une attaque par l'intérieur. Il met donc son personnel en danger.
Dans la plupart des cas, les choses se dérouleront sans doute assez
bien, mais il y aura également des cas avec des blessés
ou des morts. Et comme nous ajoutons aussi à ces
blessés
et morts le fait que la panique gagne toute
l'équipe, il
est clair que l'habitation sera totalement détruite. Non
seulement il y aura des pertes en vie humaine, mais en plus l'extinction sera une catastrophe.
L'absorption thermique
Nous n'allons pas revenir sur les calculs d'absorption
thermique de l'eau. Ceux-ci sont connus depuis longtemps et
sont repris par exemple dans le document «
Eau et feu».
Ce sont des données scientifiques que nul ne peut contester. Un litre d'eau absorbe au maximum 2,6MW (cette unité de mesure étant pour une seconde).
Nous devons néanmoins considérer que cette valeur
est assez supérieure à la
réalité. Il faut
compter avec la qualité du jet, sa surface de contact avec la zone à refroidir, et la qualité de la prestation du porte lance. En gros nous pouvons dire que la capacité d'absorption réelle est de l'ordre de 70 à 90% de cette valeur théorique (donc entre 1,82 MW et 2,34 MW). Nous devons aussi prendre en compte le fait que le porte lance aura le
temps de «balayer» la zone donc qu'il absorbera de
l'énergie pendant plus d'une seconde. Mais impossible de partir sur des durées très longues: pendant que le porte lance balaye le local, le feu continue, donc le
brûle. L'opération la plus longue que l'on peut envisager c'est celle de la lettre la plus longue de l'attaque combinée, le Z, donc 3 secondes. En trois secondes soit l'énergie est absorbée et tout va bien soit tout n'est pas absorbé et dans ce cas,
le porte lance est brûlé car il reste trop longtemps face à une puissance thermique contre laquelle il n'arrive pas à lutter.
Note : dans la suite du
raisonnement, nous continuerons à parler de
Watt et de MégaWatt ce qui est «scientifiquement» erroné. En effet,
le Watt est une unité qui dépend du temps. Un
Watt c'est un Joule par
seconde. Il est donc possible de dire «nous aurons 2MW
pendant 3 secondes» mais il n'est pas possible de dire
«cela fera 6MW». Il
serait plus juste de dire «nous avons 2MJoules par seconde,
émis pendant 3 secondes , ce qui fait un total de 6MJoules». Mais
d'un point de vue strictement pratique, nous ne pouvons pas définir notre action sur une seule seconde. En effet si une lance peut couvrir une toute petite surface en une seconde, dès que cette surface augmente un
peu cela n'est plus possible. La seule solution va
être d'ouvrir la lance plus longtemps et de balayer le volume. Il faudra le couvrir suffisamment lentement pour envoyer la bonne quantité d'eau, mais aussi
suffisamment vite pour ne pas trop subir la chaleur et ne pas faire de dégâts des eaux. Nous allons donc «tricher» en faisant nos calculs sur 3 secondes. Un peu comme si nous avions trois lances ouvertes en
même temps pendant une seconde, puis que nous
décalions l'ouverture de ces lances. Même si scientifiquement ce n'est pas «correct» le
résultat nous donnera estimation suffisamment juste pour nosbesoins. |
Ceci étant posé, le chef devra simplement regarder les lances dont il dispose. Il lui suffit de prendre chaque lance de son camion, de regarder le débit mini et le débit maxi, de les convertir en débit pour 3 secondes, et de leur appliquer la valeur de 1,82 MW ou 2,34 MW suivant le niveau de qualification de son
personnel. Le chef a ainsi des lances qui ne sont plus graduées
en «litres par minutes» mais en «Mega Watt»
avec une absorption minimum (bas débit de chaque lance) et une
absorption maximale (haut débit de chaque lance).
Débit en lpm |
50 |
100 |
200 |
300 |
400 |
500 |
600 |
700 |
800 |
900 |
1000 |
Débit en 3 sec. |
2,5 |
5 |
10 |
15 |
20 |
25 |
30 |
35 |
40 |
45 |
50 |
100% |
6,5 |
13 |
26 |
39 |
52 |
65 |
78 |
91 |
104 |
117 |
130 |
90% |
5,85 |
11,7 |
23,4 |
35,1 |
46,8 |
58,5 |
70,2 |
81,9 |
93,6 |
105,3 |
117 |
70% |
4,55 |
9,1 |
18,2 |
27,3 |
36,4 |
45,5 |
54,6 |
63,7 |
72,8 |
81,9 |
91 |
Tableau d'absorption thermique de l'eau.
Première
ligne, débit de lance en Litres par Minute. En dessous,
quantité d'eau pour 3 secondes, en litres. La
troisième ligne donne l'absorption (en MW) avec un
rendement théorique de 100% (2,6MW multiplié par
la quantité d'eau sur 3 secondes). La quatrième et la
cinquième ligne donnent l'absorption thermique
corrigée (en MW) donc à 90 et 70%.
La puissance thermique
Calculons maintenant le besoin. Le plus simple est de le calculer avec
les deux méthodes que nous connaissons: par le combustible
et par le comburant. Nous aurons ainsi deux valeurs, sans doute
différentes mais qui nous donnerons aussi une marge de
manoeuvre.
Les ouvrages liés à la prévention
estiment
qu'une chambre dégage environ 550kW par m2 et un
bureau
environ 500. Nous prendrons donc la valeur la plus basse, donc
500kW/m2. Cette estimation est faite par le calcul de la charge
calorifique moyenne, sous forme
d'éléments solides.
Mais dans un local, il y a une très forte production de
fumée donc un énorme volume de combustible
gazeux. De
plus, la consommation en comburant est très forte et
rapidement
c'est le comburant disponible qui va donner la puissance du
feu.
Nous avons alors un feu contrôlé par le comburant,
sujet
déjà traité
ici.
Pour ce type de feu, nous ne pouvons pas calculer la puissance avec le
combustible. Nous utiliserons donc le calcul de puissance par le
comburant
La règle de Thorton indique qu'un gramme
d'oxygène permettra d'assurer une
combustion
engendrant une puissance thermique de 13460 Joules. Dans un
mètre cube d'air aux conditions
atmosphérique
«normale», il y a environ 280 grammes
d'oxygène. Or, nous savons que la combustion
consomme de
l'oxygène : au départ il y a en 21%
dans
l'air, mais lorsque la concentration descend à 14%
il
n'y a plus de feu possible. Sur les 21%
d'oxygène,
il n'y a donc qu'un tiers utilisable pour la
combustion.
Puisqu'il y a 280 grammes d'oxygène dans
un
mètre cube, nous en déduisons que seuls 93
grammes seront
utilisés pour la combustion (donc 1/3 de 280 grammes).
Avec ces 93 grammes d'oxygène utilisable, notre
mètre cube d'air pourra donc produire :
Q=13460*93=1256000 J
Si cette énergie est produite en une seconde, elle
dégagera donc :
P=Q/t=1256000W soit 1,256MW.
Nous avons ici la puissance pour 1m3, mais estimer le volume
d'un
local n'est pas forcément aisé. Sachant
que la
majorité des habitations ont des plafonds de 2.40m, nous
allons
ramener cette valeur à une puissance en fonction de la
surface
au sol. Nous obtenons donc une estimation de l'ordre de
1,256MW x
2,40 = 3MW par mètre carré. Cette valeur
dépend
aussi de la température de l'air, mais en prenant
3MW,
nous avons une estimation en phase avec la
réalité (le
document «
Eau et feu» prend comme
base 3,3MW ce qui, nous le verrons ne change pas grand chose au
raisonnement).
Nous avons donc une grande marge puisque le calcul par le combustible
nous donne 0,5MW /m2, soit 6 fois moins. Mais en même temps,
cette puissance de 0,5MW ne concerne que le solide et l'enjeu
du
feu de local, c'est le gazeux. Cependant, afin
d'avoir des
données assez réalistes, nous allons opter pour 3
estimations de puissance : la valeur par le combustible (0,5MW/m2), la
valeur par le comburant (3MW/m2) et une valeur intermédiaire
(1,25MW/m2).
Il est à noter également que la dimension des ouvertures va influer sur la puissance. Mais là encore, difficile de juger de cela en intervention. L'exemple du feu de Bully-les-Mines est à ce niveau tout à fait intéressant (cf. article sur la
position de protection) : lorsque
le binôme est
entré dans le local, les deux fenêtres
étaient fermées. Pensant que le foyer était éteint, le binôme a ouvert une fenêtre. Le feu est alors reparti et par l'effet de chaleur, a provoqué la rupture de la seconde fenêtre. En une trentaine de secondes le local est donc passé de «les deux fenêtres sont
fermées» à «les deux
fenêtres sont ouvertes». Il nous faut donc prévoir des moyens en fonctions des cas les plus défavorables, compte tenu du
caractère évolutif des situations.
Note : concernant la
puissance du feu, nous ne nous intéressons pas
à la puissance moyenne, mais bien aux pointes. Une
étude Canadienne
ayant porté sur les potentiels calorifiques des feux, a
estimé que les
salles-à-manger contenaient un potentiel moyen de 600MJ/m2.
Mais cette étude a trouvé des
salles-à-manger à 1300MJ/m2.
Un essai de feu avec un potentiel de 881/MJ/m2a
montré une pointe de puissance à 1,5MW. Nous
pouvons donc
estimer que
notre courbe à 1,25MW est une courbe assez
représentative, même si dans
quelques cas, elle sera trop juste. Ce point n'est cependant pas trop
gênant compte tenu des plages de débits des lances. |
Superposer les courbes
Il nous reste maintenant à comparer les puissances produites
avec les puissances absorbables. Pour cela nous allons utiliser deux
graphismes, réalisés simplement avec Excel. Sur
les deux,
nous allons tracer les puissances émises en fonction de la
surface au sol. Nous aurons trois courbes : une bleue qui montrera
l'évolution de la puissance en partant de
l'hypothèse basse à savoir 0,5MW/m2,
une verte qui
sera réalisée avec
l'hypothèse moyenne donc
1,25MW/m2 et la troisième, en rouge, avec
l'hypothèse haute donc 3MW/m2.
Sur le premier graphique avec ces trois courbes, nous superposerons les
capacités d'absorption, en fonction des
débits avec
un rendement de 70%. Nous tracerons la capacité
d'absorption à 50 lpm, 100 lpm, puis de 100 en
100,
jusqu'à 1000 lpm.
Sur le second graphique, nous superposerons les capacités
d'absorption, avec les mêmes débits mais
avec un
rendement de 90%.
Comment utiliser les graphiques?
C'est assez simple. Si nous estimons que le personnel est
très compétent, nous utiliserons le graphique
avec le
rendement de lance à 90%, sinon nous utiliserons le
rendement de
lance à 70%. Ensuite il suffira de regarder la surface
maximale
du local à traiter (axe du bas des graphiques) et de
remonter
jusqu'à la courbe de puissance que l'on
choisit.
Nous aurons ainsi la puissance potentielle du feu et le
débit
qui au minimum devra être utilisé. Mais attention
à
la courbe de puissance qui est choisie :
- Les tracés bleus sont des tracés
faibles, qui
sous-estiment la puissance thermique des feux actuels. En effet, cette
estimation (0,5MW/m2) est basée sur une estimation par le
combustible alors que les feux actuels sont dépendants du
comburant. Utiliser les tracés bleus est donc
particulièrement dangereux!
- Les tracés rouges sont des tracés
extrêmes en
terme de puissance. Sachant qu'ils correspondent à
une
ventilation maximale du feu, nous pouvons nous en servir dans le cas de
vent violent, ou dans le cas de feu en immeuble de grande hauteur car
dans ce cas la rupture d'une fenêtre aboutira
rapidement
à une très grande montée en puissance.
- Les courbes vertes sont utilisables dans la
majorité des
cas. Elles donnent une bonne idée des puissances thermiques
que
les intervenants sont à même de rencontrer
aujourd'hui, et donnent au chef une idée des
moyens
à mettre en ?uvre pour assurer à la
fois une
qualité d'extinction optimale et une bonne
sécurité de son personnel.
Bien évidemment, vous pouvez refaire vos propres courbes
avec
des rendements de lance inférieurs, mais en tout cas
difficile
d'utiliser un rendement de 100%, ce qui serait totalement
surréaliste ! Quant aux calculs des puissances, nous avons
ici
les deux extrêmes et une valeur intermédiaire, ce
qui nous donne une plage de valeurs en phase avec la
réalité.
|
|
En haut, courbe pour un rendement
de lance à 70%. En dessous, rendement à 90%.
Cliquez sur les
images pour les zoomer. |
Quelques constatations?
Il est évident que les puissances thermiques sont rapidement
très importantes, quelle que soit la courbe prise donc
quelle
que soit la méthode de calcul. La seule manière
de
justifier l'usage des lances à petit
débit (maximum
200 lpm) consiste à prendre les hypothèses les
plus
dangereuses : sous estimer le feu en utilisant les courbes bleues et
sur estimer la compétence du personnel avec un rendement
à 90%.
Et encore, même dans cette hypothèse
extrême, une
telle lance se fait déborder au-delà de 47m2, ce
qui,
comme nous le verrons dans le prochain article de la série,
n'est plus si grand que cela pour une
«pièce
à vivre» !
Nous constatons en plus que ces courbes valident la méthode
de type «
attaque combinée».
En effet, le ZOT est pratiqué à fort
débit, mais
ne permet pas de lutter contre un feu dans un local de plus de 40m2. Si
nous prenons les courbes vertes, et que nous regardons la surface
qu'il est possible de traiter à 500lpm, en 3
secondes
(durée du Z) nous obtenons effectivement des surfaces de
l'ordre de 37 à 47m2.
Ces courbes valident en plus les observations faites par Paul Grimwood
et que l'on retrouve dans les documents
Américains,
à savoir qu'au-delà d'une
surface de
l'ordre de 40 à 50m2, même une lance
à 500lpm
sera insuffisante. Ceci est confirmé de deux
manières :
d'abord par le lien entre la puissance des lances et le
volume
concerné, mais également par le lien entre la
portée de ces lances et le volume concerné. Une
zone de
60m2 ne pourra pratiquement pas être balayé par
une lance
à 500lpm, à moins d'avoir un jet
très
serré ce qui diminuera fortement le rendement de la lance.
Enfin, nous notons que l'estimation minima (donc avec les courbes
bleues) ne prend réellement en compte que la surface. Dans le
cas des estimations par le comburant (courbes rouges), qui
correspondent beaucoup mieux aux feux actuels, c'est le volume
qui devraient être utilisé. Nous avons simplifié en
estimant que les plafonds étaient à 2,40m, mais dans le
cas d'un volume plus haut, notre estimation sera en dessous de la
réalité.
Conclusion
Une simple estimation de la surface de la plus grande pièce
d'une habitation doit suffire au chef pour estimer les moyens
hydrauliques nécessaires. Bien évidemment, comme
les feux
sont évolutifs (voir par exemple la courbe du feu de
Bully-Les-Mines dans l'article consacré
à
la position de protection),
il est tout à fait possible que dans la grande
majorité
des cas, des moyens sous dimensionnés puissent suffire. Mais
dans ce cas, c'est compter sur la chance et c'est un manque
flagrant de professionnaliste, face à des feux dont la vitesse
de progression est extrême et qui ne laissent pratiquement aucune
chance à ceux qui ne choisissent pas les bons moyens
hydrauliques.
Second article: différentes lances pour
différentes surfaces et évolution actuelle des
locaux.