Au fur et à mesure des formations, nous échangeons
avec les stagiaires et nous accentuons les explications sur divers
points. L'importance de ces points, ou du moins l'importance que
nous y accordons, varie progressivement, au long des échanges.
Ainsi, certains éléments qui semblaient importants
s'avèrent en fait primordiaux pour la compréhension
des phénomènes et surtout dans le cadre de l'impact
sur les interventions (aspect tactique et opérationnel).
C'est le cas de la différence entre feu contrôlé
par le combustible et feu contrôlé par le comburant
que nous allons détailler ici.
Le feu est représenté traditionnellement par
le triangle du feu. C'est une représentation simple, mais
qui suffit dans le cadre de l'étude des feux de locaux.
Initialement, le combustible est un combustible
solide, par exemple le canapé ou la télévision,
tandis que l'oxygène de l'air constitue le comburant. Il
n'est disponible qu'à hauteur de 21% dans l'air ambiant,
mais en dessous de 15% environ, il n'y a plus de combustion vive.
Le volume de comburant utilisable pour un feu vif dans un local
n'est donc que de 21-14=7% du volume total de ce local. Le comburant
disponible pour le feu est donc limité. Le fait que les
fenêtres soient ouvertes ou fermées ne changent rien
à ce volume. En effet nous devons considérer le
feu comme un phénomène qui se renouvelle: la fenêtre
ouverte amènera un renouvellement du comburant, mais ne
pourra pas influer le volume maximal disponible. Ce n'est pas
parce que la fenêtre est ouverte qu'il y a un volume d'air
plus important dans une pièce! Le feu pourra donc continuer
d'exister en fonction du renouvellement de comburant (donc sur
une notion de pérennité du feu), mais son seuil
maximal sera dépendant du volume du local.
Feu contrôlé par le combustible
Au départ, le feu est de petite taille et son besoin en
comburant est inférieur à ce qui est disponible.
L'ampleur du feu ne dépend donc que du combustible en cours
de réaction, puisque le comburant est disponible en quantité
supérieure aux besoins.
Nous disons donc que le feu est "contrôlé
par le combustible".
Feu contrôlé par le comburant
Puisque le feu dispose de plus de comburant que nécessaire,
il progresse, afin d'équilibrer son fonctionnement. En
effet, toutes les réactions chimiques cherchent à
s'équilibrer et dans le cas présent, il y a déséquilibre
par sur-abondance de comburant. Le feu va donc progresser sur
le combustible solide (le canapé par exemple). Au fur et
à mesure de l'évolution, la quantité de combustible
en cours de réaction, va augmenter. Et comme la combustion
consomme du comburant, la consommation d'oxygène va également augmenter.
Nous aurons donc 3 paramètres
- L'augmentation de la consommation de comburant
- Le volume initial de la pièce (dont le volume est
fixe), qui sert de zone tampon
- Le renouvellement du comburant par les ouvertures existantes
Pour comprendre l'évolution, nous pouvons prendre l'exemple
d'une personne qui travaille, à un salaire et gagne à
la loterie. Pendant quelques mois cette personne va pouvoir dépenser
plus qu'elle ne gagne avec son salaire. Le gain à la loterie
servira en quelque sorte de "zone tampon".
Mais cette situation de "sur-consommation" ne pourra durer que tant que la réserve initiale (le gain à
la loterie) ne sera pas épuisée. Lorsqu'elle le
sera, la consommation mensuelle ne pourra se faire qu'en fonction
du salaire. Dans notre incendie, il va se produire la même
chose: au départ, le volume de comburant présent
dans le local, va permettre au feu de prendre de l'ampleur jusqu'à
un certain seuil. Ensuite, le feu va moduler son intensité
en fonction du renouvellement de comburant. Il va donc baisser
en intensité, en arrêtant de s'étendre puisque
même si le combustible est disponible, c'est le comburant
qui devient l'élément limiteur.
C'est en quelque sorte la situation dans notre cheminée
à foyer fermé: le feu démarre, prend de l'ampleur,
puis se stabilise. Si nous ouvrons un peu plus l'arrivée
d'air, il reprend de l'ampleur, si nous la fermons, il baisse
en intensité, alors même que nous ne changeons pas
la quantité de combustible.
L'ampleur du feu ne va plus dépendre du combustible,
mais bien du comburant, dont les variations de renouvellement
vont avoir un impact majeur sur l'ampleur du feu. Nous parlerons
alors d'un feu "contrôlé par la ventilation"
ou d'un feu "contrôlé par le comburant".
Pris de façon isolé, ce changement de dépendance
(combustible puis comburant) est un point intéressant.
Mais pris dans l'ensemble de l'évolution du feu, l'impact
est nettement plus important.
Situation de contrôle par le combustible
Analysons la situation au moment où le feu est contrôlé
par le combustible, donc au démarrage. Dans un feu de local,
le combustible est solide. C'est par exemple le canapé
qui brûle. Ce canapé est fixe: il ne va certainement
pas se déplacer tout seul! La vitesse de propagation est
lente: il va s'écouler plusieurs dizaines de secondes,
voir plusieurs minutes pour que le feu passe d'un côté
à l'autre du canapé. L'approche va se faire assez
facilement : le canapé émet principalement sa chaleur
par rayonnement donc tout autour de lui, car à ce stade
la colonne de flamme et la production des fumées sont encore
minimes.
Face à un tel objet, les techniques d'extinctions sont
connues et efficaces: un seau d'eau, une lance même mal
réglée, une pelle avec laquelle on va taper etc...
Le choix est vaste. Enfin, les actions des secours (autres que
l'extinction) n'ont pas d'impact sur l'évolution du feu:
l'ouverture d'une porte, le bris d'une vitre... apporteront du
comburant mais comme celui-ci est déjà disponible
en quantité supérieure aux besoins, cela n'aura
pas d'impact.
Situation de contrôle par le comburant
Le fait que le feu devienne contrôlé par le comburant,
s'accompagne de nombreux changements. En premier une forte production
de fumée. Sans rentrer dans les détails, il faut
savoir que cette production de fumée n'est pas liée
à la pauvreté en comburant. L'appauvrissement en
comburant baisse l'intensité du feu, mais ne produit pas
de fumée, du moins dans un feu "naturel". Pourtant,
lorsque l'on ferme l'entrée d'oxygène sur un chalumeau,
ça fume! Exact, mais cela fume car on continue à
envoyer du combustible. Dans la réalité d'un incendie,
lorsque le comburant diminue, le feu se régule et baisse
en intensité.
D'ailleurs dans le foyer fermé de la cheminée,
la fermeture partielle de l'arrivée d'air baisse l'intensité
du feu, mais ne produit pas plus de fumées (le feu fume
quelques instants simplement parce que le combustible qui était
précédemment en feu, pyrolyse un peu).
La raison principale expliquant la production massive de fumée
dans un local, c'est la présence du plafond. La flamme
est une flamme de type "diffusion" c'est-à-dire
une flamme qui capte le comburant sur toute sa surface. Or le
bas de la flamme est bien oxygéné par l'apport
de comburant (et continue donc à grossir,) mais le haut
de la flamme se trouve dans une zone sous-oxygénée
(CO et CO2) et touche le plafond. Nous avons donc une flamme qui
est correctement oxygénée en bas, mais dont le haut
ne peut plus capter de comburant: c'est donc le haut de la flamme
qui fume. Or, ces fumées étant composée principalement
de carbone, elles sont inflammables.
Nous allons donc avoir un changement dans le type de combustible
présent dans le local. Au départ, le combustible
est essentiellement solide, mais progressivement la proportion
de combustible gazeux va augmenter dans des proportions importantes.
La chaleur augmentant, la sur-pression se fait de plus en plus
forte par rapport à l'extérieur du local ou de la
structure. Forte surpression, surtout en partie haute, dépression
par endroits: tout est en place pour permettre le déplacement
de la fumée. Le combustible a donc changé de type:
il est désormais gazeux et mobile. Il se déplace
sur de grandes distances et se laisse difficilement approcher
à cause de la chaleur qu'il émet. En effet, la présence
de particules de carbone fait que cette fumée se met à
rayonner et transmet sa chaleur à tous les éléments
du local. Sa légèreté est telle que le moindre
geste la perturbe et pénalise en quelques secondes les
intervenants, en leur faisant perdre tous leurs repères.
Dans ce combustible, la vitesse de propagation est extrême
et les techniques d'extinction habituelles sont inopérantes.
Enfin, l'élément dont dépend le feu pour
sa croissance, n'est plus facilement identifiable. Dans le cadre
d'un feu contrôlé par le combustible, celui-ci est
visible et solide. Mais lorsque le feu devient contrôlé
par le comburant, alors même que le combustible gazeux provoque
l'augmentation rapide du risque, l'élément "déclencheur" du changement de situation devient invisible
puisqu'il s'agit désormais du comburant donc en partie
de l'air ambiant. La pénétration du comburant dans
la structure est quasi inévitable puisqu'elle se fera avec
la pénétration des secours. Même le simple
fait de chercher à ouvrir pour extraire les fumées,
aboutira à la pénétration de l'air, sauf
si la sortie des fumées se fait exclusivement en partie
haute, ce qui n'est pas toujours simple à réaliser.
Cette variation dans l'évolution du feu peut se résumer
dans un tableau:
Feu contrôlé
par |
L'élément
contrôlant est |
Type de
Combustible |
Position
du combustible |
Propagation |
Impact
de la pénétration |
Modes
d'extinction traditionnels |
Approche
générale |
Combustible |
Visible |
Solide |
Fixe |
Lente |
Aucun |
Adaptés |
Adaptée |
Comburant |
Invisible |
Gazeux |
Mobile |
Rapide |
Important |
Inadaptés |
Inadaptée |
Une évolution historique
L'incompréhension de nombreux sapeurs-pompiers face aux
Progressions Rapides du Feu et leur difficulté à
prendre conscience des dangers, vient sans doute du fait que l'enseignement
traditionnel porte exclusivement sur les feux contrôlés
par le combustible.
Cette phase du feu existe au début, mais également
à la fin de l'incendie: une fois que le feu est extériorisé
(fenêtre éclatée, toiture arrachée...),
il redevient "contrôlé par le combustible"
car l'apport d'air est redevenu important. Le feu va donc mourir,
plus ou moins rapidement, mais toujours en fonction de la diminution
de la quantité de combustible puisque le comburant est
disponible en sur-quantité.
Nous avons donc trois périodes: une première
avec un feu contrôlé par le combustible, une seconde,
avec un contrôle par le comburant et enfin le déclin
du feu avec à nouveau contrôle de celui-ci par le
combustible.
La pression engendrée par un incendie est insuffisante
pour provoquer la rupture des vitres (nous parlons ici de pression
par augmentation de température et pas par explosion): c'est la différence de température entre les
deux faces qui en provoque la rupture. Tant que les habitations
n'étaient équipées que de simples vitrages
ou de doubles vitrages de mauvaise qualité, les vitres
cédaient rapidement sous l'effet de la chaleur et le comburant
pouvait alors pénétrer dans la structure, en grande
quantité. Il n'y avait donc pratiquement pas de feux contrôlés
par le comburant.
Le changement dans les habitations s'est produit suite au premier
choc pétrolier de 1973 (Guerre Israélo - Arabe ou
"Guerre du Kipour"). A partir de cette date, l'augmentation
du prix du pétrole a aboutit à la mise en oeuvre
d'une politique d'économie d'énergie et d'isolation des habitations. Initialement réalisée
de façon très imparfaite, cette isolation est aujourd'hui
très efficace.
Il y a quelques années, la phase de "contrôle
par le comburant" était donc très courte et
même parfois absente. Les sapeurs-pompiers ne se trouvaient
donc confrontés qu'à des feux contrôlés
par le combustible, alors que nous sommes, et que nous serons,
de plus en plus confrontés à des feux contrôlés
par le comburant. Or, la majeur partie des formations données
encore aujourd'hui aux services de secours, prend en compte des paramètres datant d'avant cette période,
et l'encadrement (officiers, sous-officiers) a évidemment
été formé sur ces principes, qui ne sont
plus en adéquation avec l'habitat actuel.
Impact sur les tactiques
Ce changement profond dans le type de feu nécessite une
remise en cause profonde. En terme de moyens hydrauliques, le
refroidissement des gaz chauds ne peut se faire qu'avec un petit
débit de l'ordre de 115 à 150 lpm et une lance ouverte
pendant 1/2 seconde au maximum, ce qui ne s'improvise pas. Il
semble possible de lutter avec des moyens hydrauliques restreints,
sauf que nous sommes face à des feux à propagation
rapide, dont l'ampleur risque de rapidement dépasser la
capacité de tels moyens. Une simple chambre à coucher
de 4m x 4m et de 2,40m de hauteur de plafond, peut contenir 38m3
de fumées, donc 38m3 de combustible gazeux...
Il faut donc prévoir des moyens puissants, permettant
d'obtenir des débits de l'ordre de 400 à 500 lpm,
qui eux seuls permettent d'enrayer la propagation du front de
flamme dans la zone gazeuse lors du déclenchement des phénomènes.
Cette propagation se faisant en quelques secondes, partir avec
des petits moyens en se disant que l'évolution des moyens
se fera suivant l'évolution de la situation, est totalement
irresponsable.
Ceci engendre de profonds changements dans les modes d'établissement
(mise en oeuvre des tuyaux) puisque ces débits ne sont
disponibles qu'avec des tuyaux souples de 40 à 45mm. Les
mises en oeuvre avec des écheveaux, des caisses ou des
sacs doivent donc être étudiées et mises en
place.
Au niveau purement tactique, l'approche ne peut plus se faire
en prenant seulement en compte la recherche d'un local en feu
dans une structure, mais en prenant en compte la pénétration
dans la structure elle-même, puisque le simple fait de rentrer
va apporter du comburant. La moindre ventilation va donc avoir
un impact important: il faut suivre parfaitement les ordres donnés
et établir des communications radios, constantes.
Impact sur les rôles
Le rôle des intervenants doit également être
revu. Face à un feu extériorisé, chacun fait
à peu prés la même chose que le voisin. On
arrose, sans trop savoir où, ni quoi, et on court dans tous
les sens. Un petit coup de fatigue? Il suffit de donner la lance
au voisin. Lors d'un feu traité de l'intérieur,
les choses changent radicalement. Les sapeurs-pompiers qui entrent
doivent être bien équipés et ne doivent pas
découvrir l'usage de la lance! Ils doivent répéter
les gestes en exercices et doivent savoir faire preuve de calme.
A l'extérieur, le reste de l'équipe doit prendre
conscience de l'impact des actions. La moindre fenêtre que
l'on va briser peut mettre très rapidement en danger ceux
qui sont dans la structure, puisque cela va avoir un impact sur
la ventilation. On ne décide plus unilatéralement
de ce que l'on va faire et on prend les ordres auprès du
sous-officier, qui va devenir le véritable chef d'orchestre
de l'intervention.
La ventilation interne
Afin d'illustrer les changements, nous allons prendre l'exemple
d'une action dans un local, en nous basant sur une simulation
informatique, réalisée avec l'outil FDS.
|
Le plan ci-contre représente une habitation
avec un feu dans le salon, à gauche. La petite fenêtre
est ouverte, ainsi que la porte donnant sur le couloir. Repérée
A, la porte donnant sur l'extérieur, est fermée,
tout comme la porte B donnant sur le local de droite dans
lequel nous soupçonnons la présence d'une victime.
Le feu démarre rapidement, consomme le comburant contenu
dans le local en feu et dans le couloir, puis stagne avec un
apport de comburant qui ne dépend plus que des dimensions
de la petite fenêtre. Dans le local en feu, le courant
de convection (courant d'air venant des ouvertures et se dirigeant
vers le foyer) permet d'entretenir une température importante,
empêchant toute survie au-delà de quelques minutes |
Dans le couloir, l'absence du courant de convection empêche
une augmentation trop importante de la température, mais
provoque un effet pervers: n'étant pas soumis à
une différence de pression haut-bas, les fumées
descendent jusqu'au sol. Dans le couloir, c'est donc la toxicité
qui empêche la survie, là encore au-delà
de quelques minutes. En clair, les personnes qui seraient dans
le salon ou le couloir, sont mortes avant l'arrivée des
secours.
A leur arrivée, les secours ouvrent la porte A.
Comme nous le voyons sur la courbe, la puissance chute (extraction
des gaz chauds) puis remonte par l'apport de comburant.
|
|
Après avoir ouvert la porte d'entrée (A)
les secours ont sans doute reculé devant la sortie rapide
des fumées, puis se sont avancés dans le couloir.
Une minute après, ils se trouvent face à un dilemme:
faut-il tourner à gauche et attaquer, ou tourner à
droite et procéder à l'exploration de la chambre,
jusqu'alors épargnée, en ouvrant la porte B?
La courbe montre qu'à cet instant, le feu a gagné
en intensité, mais que celle-ci est toujours contrôlable.
Par contre, à l'ouverture de la porte B, les choses
s'aggravent très rapidement.
En quelques secondes, le feu va profiter d'un apport massif de
comburant, monter rapidement en puissance, et atteindre le flashover
(flashover induit par la ventilation). Cette rapidité dans
l'apport du comburant peut s'expliquer par plusieurs points:
- La distance séparant ce volume du local en feu est
très faible
- Alors que l'apport d'air par la porte A ne peut se
faire que par la différence de pression entre l'intérieur
et l'extérieur, l'extraction de l'air du local (porte
B) se fait non seulement par la différence de pression,
mais aussi par l'effet de piston des fumées qui entrent
- Sur son trajet, l'air venant de ce local, n'est pas bloqué
par l'extraction des fumées puisque à cet instant
le courant de convection a été remis en place dans
le couloir.
- L'arrivée de comburant par la porte A provoque
sans doute un mini-effet Venturi, favorisant l'extraction de
l'air de ce local, et son transport vers le foyer.
Dans le cas présent, si l'ouverture de la porte A
a produit une aggravation de la situation, l'ouverture de la porte
B a fortement accentué cette progression.
Note, à titre informatif: quelques dizaines
de secondes après l'ouverture de la porte B, la température
monte à plus de 200°C dans le local et la toxicité
est également telle que la vie devient très vite
impossible. N'étant pas ouvert sur l'extérieur,
le local n'est pas sensible au courant de convection et la fumée
descend rapidement jusqu'au sol.
Reconnaissance, sauvetage...
Cette petite analyse peut sembler "virtuelle". Pourtant
elle correspond parfaitement à de très nombreux
accidents durant lesquels les sapeurs-pompiers se sont engagés
pour effectuer des sauvetage, en laissant le feu de côté.
Cependant, la marche générale des opérations,
encore enseignée en formation, précise bien qu'il
faut d'abord faire la reconnaissance puis les sauvetages, l'attaque
venant ensuite. Mais là encore nous sommes sur des données
qui correspondent à des feux contrôlés par
le combustible, c'est-à-dire des méthodes datant
d'avant l'isolation des habitations. Ce choix de faire la reconnaissance
et les sauvetages correspond a des actions menées depuis
l'extérieur de la structure. Ce qui est logique: à
l'époque de la mise en place de cet ordre des choses, les
feux étaient traités de l'extérieur, par
du personnel qui ne possédaient de toutes façons
pas le matériel pour entrer dans les structures en feu.
Cet ordre des choses reste parfaitement valable: à l'arrivée
sur les lieux, il faut faire une reconnaissance totale (mais extérieure!)
de la structure. Ensuite, il faut effectuer le plus rapidement
possible les sauvetages (là encore par l'extérieur!)
des personnes qui ont été repérées
visuellement lors de la reconnaissance. Ensuite il faut mettre
en oeuvre des moyens hydrauliques et il faut attaquer, rapidement,
avec le maximum de force, pour tuer le feu avant qu'il ne s'extériorise.
Avec des moyens puissants, cette extinction sera menée
en quelques instants. Il faudra ensuite ventiler et explorer la
totalité de la structure, pour sortir les seules personnes
qui ont réellement des chances d'être vivantes: les personnes qui
étaient confinées. Ainsi, ces personnes sortiront
en traversant des zones qui ont été sécurisées
et ventilées. Si la vision extérieure impliquait
et implique toujours de faire les sauvtages avant d'attaquer,
dès que l'on passe en vision intérieure, il faut
attaquer pour sauver. Car à part James Bond, il y a peu
de gens capables de courir plus vite qu'un front de flamme qui
progresse dans un combustible gazeux...
Conclusion
L'arrivée sur les lieux, face à un feu contrôlé
par la ventilation, devient désormais la règle,
compte tenu de l'habitat. L'évolution des structures doit
nous inciter à regarder les feux de façon différente.
La moindre action doit être réfléchi et concerté.
Les feux ont changé: il faut changer les habitudes.�