Auteur : Franck Gaviot-Blanc pour Flashover.fr - Juillet
2006. Merci au Dr Christian Pérez Jiménez pour la relecture,
les corrections et commentaires de la partie technique de cet
article.
Le 3 juillet 2006, à l'Université de Liège
(Belgique), Christian Pérez Jiménez, a défendu
en séance publique une thèse intitulée :
Simple Numerical Model for Backdraft Risk Assessment, pour
l'obtention du grade de Docteur en sciences appliquées.
Ce travail financé par des fonds Européens, s'inscrit
dans le projet FIRENET. A ce jour, la thèse est en correction.
Une copie de cette thèse (en anglais) sera placée
dans la section scientifique du site pour les personnes intéressées.
Le présent article va tenter de présenter la globalité
du travail effectué par ce chercheur.
Pour rendre accessible
ce genre de travail à la majorité d'entre vous,
l'article a été divisé en deux parties.
- "Pour faire simple... " devrait au moins permettre
à tous de prendre connaissance de la nature des travaux
effectués lors de cette thèse.
- "Pour aller plus loin" qui, bien qu'ouverte à
tous, s'adresse plus spécialement aux personnes qui seraient
intéressées pour utiliser le travail de Christian.
Quelques repères avant de commencer...
Modèle numérique : c'est un programme
informatique qui permet d'obtenir des informations sous forme
graphique / numérique sur les paramètres d'un phénomène,
uniquement par le fait de calculs validés par des essais
expérimentaux. Un modèle repose sur un programme
informatique. Le Fortran a été le langage de programmation
utilisé pour le présent travail.
CFD (Computational Fluid Dynamics) : La transcription
la mieux appropriée pour CFD serait : Mécanique
des Fluides Numérique. Plus simplement on peut parler
ici, de l'étude du comportement des fluides par simulation
informatique. Christian, pour une partie de son travail (le courant
de gravité) a eu recours à ce mode de modélisation.
Il résulte des modèles CFD une animation graphique
en deux dimensions, qui montre l'interaction dans des conditions
bien définies, des fluides les uns par rapport aux autres
lors de leur mise en mouvement. Ces visualisations sont très
intéressantes, mais aussi très lourdes à
mettre en uvre (matériel de calcul puissant et paramétrages
complexes).
Corrélation : c'est une "formule mathématique
simple", précise sur une gamme donnée, qui
permet d'estimer la valeur d'une mesure sans avoir à l'effectuer.
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Pour faire simple...
L'objectif de la thèse a été de développer
un modèle numérique simple, centré sur :
- La prédiction du risque de Backdraft
- L'analyse des paramètres qui influencent le plus le
déclenchement du backdraft
- La déflagration (estimation des énergies et
pressions libérées)
- Le diamètre de la boule de feu générée
par le phénomène s'il a lieu
Pourquoi avoir voulu développer un modèle ?
- 90% des études sur le Backdraft sont le fait d'expériences
- Les expériences coûtent cher
- L'influence de plusieurs paramètres ne peut pas être
vu dans une expérience, alors que dans un modèle
si.
Pourquoi un modèle simple et pas un modèle type
CFD ?
- Le temps nécessaire à l'obtention d'un résultat
est assez court avec un modèle simple (quelques dizaines
de secondes maximum, pour avoir un résultat car les opérations
de calculs à effectuer sont " simples ") en
utilisant un PC " standard " alors qu'en CFD, il faut,
malgré des calculateurs puissants, attendre plusieurs
jours, parfois une semaine pour parfois ne pas obtenir le résultat
escompté du fait d'un mauvais paramétrage etc.
- Le modèle simple offre une bonne qualité de
résultats
- Il est facile d'utiliser un tel modèle (contrairement
à de la modélisation type CFD )
Limite de l'étude
Le programme développé, permet de modéliser
une pièce fermée, muni sur une de ces faces d'une
ou plusieurs fenêtres (simple ou double vitrage).
Lors du backdraft, ce sont les gaz produits pendant la phase
de latence du sinistre qui sont mise à feu plus ou moins
violemment lors de l'introduction du comburant. Le modèle
ne permet pas de modéliser la pyrolyse d'un mobilier type
(trop complexe) mais, en connaissant la nature des matériaux
qui brûlent et en considérant leur réaction
chimique de combustion, il est possible de modéliser la
production des gaz de pyrolyse qui seraient dégagés
par le mobilier dans une telle situation.
La taille de la fenêtre ou des fenêtres, position
sur la ou les faces de la pièce, composition du double
vitrage, dimensionnement, etc. sont des paramètres ajustables.
Scénario
Un départ de feu se produit dans une pièce vitrée,
qui contient du mobilier combustible, et le feu se développe.
Le local étant sous ventilé, la combustion va rapidement
régresser, les flammes vont disparaître mais pour
autant, le rayonnement thermique des fumées emprisonnées
dans le compartiment va persister et permettre la décomposition
chimique des matériaux combustibles présents. Le
modèle permet d'évaluer l'évolution de la
température dans le compartiment en fonction du temps.
En fonction du temps de latence, si une ouverture est créée,
que ce soit par le bris d'une vitre qui cèdent sous l'effet
des contraintes thermiques (la pression régnant dans la
pièce n'est pas prise en compte dans le présent
modèle car elle n'a pas d'impact sur le résultat) ou par l'intervention d'un sapeur-pompier, un courant
de convection (également appelé courant de gravité)
va se remettre en place. En fonction des paramètres saisis
le modèle sera alors capable de prédire si un backdraft
aura lieu ou non, et s'il a lieu, il estimera les paramètres
inhérent à la déflagration (énergie
et pression intérieur et extérieur) mais aussi la
taille de la boule de feu qui sera alors produite.
Voilà donc rapidement dépeint le cadre d'étude
pour lequel Christian à passé 4 ans de recherche...
Pour aller plus loin
Pour son travail, Christian s'est appuyé sur le modèle
Ozone, développé à l'Université de
Liège par le Dr J.F. CADORIN, qui a soutenu sa thèse
en 2003 (thèse disponible sur le site dans la section scientifique
ou en cliquant ici).
Ce modèle permettait initialement de déterminer
l'évolution de la température dans un local en feu
en mode pré-flashover et post-flashover, en résolvant
les équations de conservation de la masse et de l'énergie.
Christian a dû, pour son travail, développer des
modules complémentaires qu'il a intégrés
à Ozone :
Module de pyrolyse : afin de calculer
la quantité d'espèces gazeuses dégagées
par le matériel dans le compartiment. Le modèle
permet de dissocier la pyrolyse des composés ne produisant
pas de cendre (plastique, liquide...), qui ont donc un mode de
pyrolyse surfacique, des composés produisant des cendres
(bois), qui eux ont un mode de pyrolyse interne (en profondeur).
Module équilibre des masses : afin de
calculer le type et la quantité d'espèce gazeuse
(CO, CO2, Hydrocarbures) accumulés dans le compartiment
car cela permet de vérifier l'inflammabilité du
mélange et de calculer l'énergie lors de la déflagration.
Module bris de vitre : afin d'obtenir le
temps de résistance du double vitrage à la rupture
par rapport au régime thermique dans le compartiment, cette
donnée étant nécessaire pour savoir à
quelle moment le courant de convection va se remettre en place
dans le compartiment. Pour ce faire, Christian à utilisé
comme base un programme existant : BRANZFire. Ce programme ne
prenait en compte que les surfaces vitrées à simple
vitrage. Il a donc fallu apporter des modifications dans Ozone
pour les doubles vitrages.
Module courant de convection (courant de gravités):
afin d'estimer le niveau de brassage, la position et la vitesse
du courant de convection, car ce sont ces paramètres qui
génèrent le mélange inflammable, le transportent
en dehors du compartiment et influencent directement la violence
du backdraft. La simulation de tels paramètres (importance
du courant de gravité, niveau de mélange, vitesse
et position de gaz) n'est pas réalisable directement sous
Ozone. Des simulations CFD ont donc été utilisées
à part, pour l'étude du courant de convection (code
CFX ANSYS). Les paramètres étudiés ont été
: la géométrie de l'ouvrant, le ratio (longueur
/ largeur) du compartiment, la présence ou non d'obstacle
et leur position dans le compartiment (en zig / zag ou haut /
bas). Le résultat de ces travaux CFD ont permis de déterminer
un paramètre : le nombre de Froude. Ce nombre adimensionnel
permet de qualifier la qualité d'un mélange gazeux.
Si le nombre de Froude est égal à 0.5, alors les
gaz en présence ne se mélangent pas. Plus la valeur
de ce nombre se rapproche de 0 et plus les deux gaz se mélangent
intimement. Il a été constaté que les nombres
de Froude déterminés par les essais CFD étaient
très proches de ceux déterminés par calcul
"classique". Cela a validé le fait que la détermination
du nombre de Froude "classique" était un bon
paramètre pour "quantifier" la qualité
du mélange des gaz quels que soient les paramètres
entrés dans le modèle : la géométrie
de l'ouvrant, le ratio du compartiment, la présence ou
non d'obstacle et leur position dans le compartiment.
Module inflammabilité : afin de
contrôler si le mélange en présence dans la
pièce est susceptible de se mettre à feu avec propagation
au travers du compartiment ou non, pour savoir si une déflagration
est possible (en fonction des limites d'inflammabilité
du mélange constitué, de la température qui
régnera dans le compartiment et des espèces présentes
CO, CO2, combustibles-). Pour ce module, le paramètre
sélectif est le nombre de Le Chatelier. Si ce nombre est
supérieur à 1, le déclenchement est possible.
Si ce nombre est inférieur à 1 le déclenchement
est impossible.
Dans cette partie, un modèle capable de prédire
les diagrammes d'inflammabilité des mélanges formés
par un ou plusieurs combustibles avec un ou plusieurs gaz inertes,
de l'air a 1 atmosphère et une température élevée
a été développé.
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Module déflagration : afin d'obtenir
l'évolution de la déflagration dans et hors du
compartiment. La littérature actuelle contient des corrélations
simples sur la prédiction des Backdraft. Elles sont faciles
à utiliser, mais ne renseignent que sur la pression maximum
développée par la phénomène. Or,
lors d'un Backdraft, l'énergie dégagée et
la boule de feu qui s'en suit sont aussi des facteurs importants
à prendre en compte. En 2003, A. GRIGORASH a proposé
une corrélation que Christian a améliorée
pour répondre à son étude.
Pour un gaz donné, en fonction du volume de la pièce
et de la dimension de l'ouvrant, une méthode graphique
peut permettre d'estimer le diamètre de la boule de feu
qui ferait suite à la déflagration.
Sur le schéma ci-contre on peut voir que, pour une pièce
de 50 m3 avec une ouverture de 2m2 une boule de feu d'un diamètre
de l'ordre de 7 m pourrait être formée si le gaz
contenu dans le local était du méthane.
Exemple de détermination graphique du dimensionnellement
de la boule de feu générée par un Backdraft
au "méthane" pour une ouverture allant de 1
à 4 m2 et pour des volumes de compartiment allant jusqu'à
500 m3
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Images issues d'un film transmis par D. GOJKOVIC